3ve : Des dizaines de botnets interrompus par FBI
3ve : Un réseau de fraude publicitaire stoppé. Il aurait généré près de 30 millions de dollars de revenus frauduleux. Trois pirates en attente d’extradition. Les autres en fuite.
The end pour 3ve ! Internet a remporté une grande victoire, après le démantèlement par le FBI, d’une opération de cyber criminalité d’envergure. Les pirates utilisaient des botnets pour manipuler le trafic internet. En mobilisant 1,7 million d’adresses IP, ils avaient pu générer près de 30 millions de dollars en revenus publicitaires frauduleux.
Le réseau de fraude publicitaire, surnommé « 3ve » dans un avis publié par US-CERT, reposait sur deux botnets distincts. Créés par le biais de deux malware, Kovter et Boaxxe. Diffusés par le biais de spams et de téléchargements à la dérobée (drive-by). 3ve utilisait ces botnets pour rediriger le trafic internet vers des publicités malveillantes. Plus d’1,7 million d’adresses IP ont ainsi pu être simultanément manipulées.
Lors du démantèlement, le FBI a passé en revue 89 serveurs et saboté 31 domaines afin de perturber les botnets. Saisis de comptes bancaires. Huit personnes ont été identifiées comme étant impliquées. « 3ve émet un spam d’échec d’envoi de message. Il s’agit d’un vecteur d’attaque courant de nos jours. Les utilisateurs ouvrent une pièce jointe ou cliquent sur un lien et se retrouvent infectés par Kovter, Boaxxe, voire même les deux« , explique Päivi Tynninen, Chercheuse chez F-Secure. « 3ve utilise aussi la publicité malveillante redirigeant les utilisateurs vers de fausses mises à jour logicielles pour les inciter à installer Kovter. Il s’agit d’une tactique d’ingénierie sociale assez populaire. »
Botnet Boaxxe
3ve utilisait le botnet Boaxxe comme proxy pour les requêtes publicitaires frauduleuses envoyées depuis son propre centre de données, situé en Allemagne. Le botnet Kovter, réseau de PC infectés, utilisait un navigateur dissimulé aux utilisateurs, pour rediriger discrètement le trafic vers leurs annonces.
En manipulant le trafic internet, 3ve a convaincu les annonceurs que leurs publicités étaient vues par un nombre incalculable de personnes. Ce type de fraude reste souvent inaperçu mais il n’en est pas moins répandu. En 2016, un rapport de la Fédération mondiale des annonceurs prévoyait une augmentation des recettes publicitaires frauduleuses de 50 à 150 milliards de dollars par an, d’ici 2025.
« Il se peut que la fraude publicitaire n’apparaisse pas comme un problème urgent. Pourtant, elle coûte beaucoup d’argent aux entreprises et, en définitive, ces coûts se répercutent sur le consommateur« , a déclaré Sean Sullivan, « Ce genre d’opérations de démantèlement est bénéfique aux entreprises, aux annonceurs, mais aussi aux utilisateurs.«
Sinkholing
L’opération du FBI a permis de stopper 3ve. Compte-tenu de la nature persistante des botnets actuels, difficile d’affirmer avec certitude que 3ve soit définitivement hors service. La plupart des botnets actuels reposent sur des fonctionnements en arrière-plan sophistiqués. Ils sont extrêmement résistants aux tentatives de démantèlement. Les PC zombies utilisés pour débuter une reconstitution du réseau. Il est donc essentiel que les internautes inspectent leur PC et suppriment les logiciels malveillants s’ils découvrent une infection.
L’acte d’accusation, devant un tribunal fédéral à Brooklyn ce 27 novembre 2018, comporte 13 plaintes. Il vise d’Aleksandr Zhukov, Boris Timokhin, Mikhail Andreev, Denis Avdeev, Dmitry Novikov, Sergey Ovsyannikov, Aleksandr Isaev et Yevgeniy Timchenko.
Ovsyannikov arrêté au mois d’octobre 2018 en Malaisie ; Joukov, début novembre en Bulgarie, et Timchenko en Estonie. Ils sont dans l’attente de leur extradition.
Les autres accusés sont en fuite. Les mandats judiciaires ont autorisé le FBI à prendre le contrôle de 31 domaines et 89 serveurs informatiques. Ils faisaient tous partie de l’infrastructure permettant à des botnets de générer les publicités numériques frauduleuses. Le FBI redirige le trafic Internet afin de perturber et démanteler ces réseaux de zombies.
A lire, la passionnante analyse de Google.