Affaire du faux Brad Pitt : ZATAZ vous dévoile les scénarios écrits par les escrocs
Se faire piéger par un escroc sur Internet est loin d’être rare. Leurs méthodes sont de plus en plus précises. ZATAZ vous montre des scénarios écrits par des escrocs.
Janvier 2024, 192 personnes ont contacté ZATAZ.COM pour trouver de l’aide face à des escrocs du web. Des escroqueries directes ou visant un proche de la famille. Dans la grande majorité des cas, des escroqueries typiques des scams sentimentaux et des arnaques aux recharges prépayées/MoneyGram. Le cas du faux Brad Pitt n’est qu’un exemple parmi des centaines. Repérer les fraudeurs, aider les « piégé(e)s » doit être la priorité des internautes, des familles, des ami(e)s. Des escroqueries qui s’appuient sur des mécanismes psychologiques bien précis afin de manipuler la victime et la pousser à agir sous l’émotion plutôt que la réflexion rationnelle. ZATAZ vous décortique le social engineering caché derrière les scénarios que ZATAZ a pu dérober à des pirates (voir).
Stratégies psychologiques employées
Exploitation de l’empathie et de la compassion
Le scammeur utilise des histoires tragiques (maladies graves, hospitalisation, solitude, honte) pour susciter une réaction émotionnelle forte et engager la victime dans un rôle de sauveur. Il insiste sur le fait que personne d’autre ne peut l’aider, ce qui place la victime dans une position de responsabilité morale.
Création d’urgence et d’anxiété
Les messages insistent sur l’urgence : « Je suis en salle d’observation« , « Mon téléphone ne fonctionne pas« , « Je dois conclure une transaction urgente« , etc. L’urgence bloque la capacité de réflexion rationnelle et pousse à une prise de décision rapide sans vérification.
Isolement de la victime
Le scammeur insiste sur la confidentialité, en demandant de ne parler à personne.
Cela empêche la victime de vérifier l’information auprès d’amis ou de proches, favorisant l’engrenage psychologique.
Manipulation affective et culpabilisation
Le scammeur joue sur la peur de la déception : « Ton silence m’inquiète« , « Je n’aurais jamais cru que tu aurais des doutes sur moi« , « Je compte énormément sur toi« . Cela vise à forcer la victime à répondre et à se sentir coupable si elle refuse d’aider.
Technique du pied dans la porte
Les élèves que j’ai la chance de côtoyer dans plusieurs établissements pour qui j’officie (Oteria, Cyber Management School, Etc.) connaissent cette technique, nous en voyons une quarantaine pendant les cours que je peux prodiguer sur le Social Engineering (ce que c’est concrètement, fonctionnement, contre-SE, Etc.). Première demande modérée : « Peux-tu aller au bureau de tabac ?« . Puis vient l’augmentation progressive : achat de plusieurs recharges, puis demande de MoneyGram. Une fois que la victime a dit oui à une première demande, il devient psychologiquement plus difficile de refuser les suivantes.
Renforcement positif et promesse de remboursement
« Je te rembourserai avec intérêt« , « Je vais m’atteler à te rembourser dès mon retour. » Le scammeur donne l’illusion d’une dette morale réciproque, créant un faux sentiment de sécurité. [voir d’autres scénarios préétablis]
Objectifs de l’escroc
Le but est clair : obtenir de l’argent sans jamais le rembourser. Faire acheter des recharges prépayées (Transcash, Néosurf, etc.) que l’on peut trouver chez les buralistes ou sur Internet. Ces codes sont convertibles en argent liquide sur des plateformes de revente. Ils permettent d’anonymiser les transactions, rendant le traçage difficile. Mission de l’escroc : forcer la victime à envoyer de l’argent via MoneyGram ou Western Union.
Une fois l’argent envoyé, impossible de le récupérer. Ces services permettent des retraits anonymes, souvent dans des pays où les lois ne protègent pas les victimes de fraude. Le voleur augmente progressivement les montants extorqués.
Les premières demandes sont raisonnables pour instaurer la confiance. Puis les montants augmentent de façon insidieuse. L’escroc joue sur l’investissement déjà consenti : « Tu as déjà donné 500 €, pourquoi t’arrêter là ? ».
Solutions pour les piéger et les contre-mesures
Voici des stratégies pour identifier, contrer et éventuellement piéger ces escrocs.
D’abord, ne jamais envoyer d’argent ou de codes prépayés. Cela peut paraître simple à écrire, mais l’efficacité des malveillants n’est plus à démontrer. Les services comme Transcash ou MoneyGram sont anonymes, une fois l’argent envoyé, aucun remboursement possible.
Exiger un appel vidéo : la plupart des scammeurs refuseront ou donneront une excuse bidon. Les cas traités par ZATAZ ces dernières semaines ont permis de contrer les malveillants (ou malveillantes). Attention cependant, certains n’hésitent pas à s’afficher à l’écran (ou afficher de fausses vidéos comme celles de l’ancien ministre de la Défense Le Drian).
Vérifier les photos de profil via une recherche inversée sur Google Images ou PimEyes. Très efficace, même si de plus en plus d’escrocs exploitent l’IA. ZATAZ vous propose dans son espace OSINT des méthodes et outils pour repérer des images générées par l’IA.
Dernier point, le plus compliqué : réussir à faire parler la victime. Dans la grande majorité des cas rencontrés, les victimes avaient fourni des documents (photos et/ou vidéos) très personnels. Ne jamais hésiter à obtenir un regard extérieur. Autorités, psychologue, famille, etc. peuvent briser la manipulation émotionnelle.
Pour convaincre la victime qu’elle est prise dans l’engrenage d’un scammeur :
Demander un détail vérifiable, comme le nom de l’hôpital ou un document officiel. (Attention, Google Maps et des contrefaçons peuvent facilement contrecarrer cette idée.)
Proposer d’envoyer un ami pour apporter directement l’aide (le scammeur refusera).
Faire une recherche sur les numéros de téléphone et courriels utilisés. Dans 90 % des cas, les scammeurs ouvrent des comptes électroniques dédiés.
Dernier point : attention au baiting.
Vouloir jouer le jeu de l’escroc en faisant semblant d’être une victime naïve et en demandant des détails précis (ex. : « Donne-moi l’adresse complète de ton hôpital ») peut permettre de leur faire perdre du temps. Cependant, nous avons eu quelques cas où les escrocs ont fourni de vraies informations et de faux documents piégés avec un logiciel de type stealer info.
Leur faire perdre du temps en posant des questions inutiles ne leur fait pas perdre de temps. Les scénarios qu’ils ont préécrits sont justement là pour leur faire gagner en efficacité et en rentabilité !
Pour finir, déposer un signalement sur https://www.internet-signalement.gouv.fr/. Cela n’aura pas d’effet immédiat, mais les coopérations internationales face aux pirates et escrocs portent leurs fruits. N’hésitez jamais à alerter. Prévenir d’autres victimes potentielles, c’est les sauver !
Ces arnaques sentimentales et financières sont très bien rodées et exploitent des failles psychologiques universelles comme l’empathie, la peur, la culpabilité et l’urgence. L’objectif du scammeur est de faire basculer la victime dans un engrenage où elle se sent obligée d’aider encore et encore. La meilleure défense est l’éducation, la vérification des faits et le refus catégorique d’envoyer des cartes prépayées ou des virements MoneyGram. Si quelqu’un est victime de ce type d’arnaque, il ne faut pas avoir honte d’en parler. Ce sont des méthodes manipulatoires extrêmement sophistiquées, et seule une prise de conscience collective peut empêcher ces escrocs d’agir impunément.
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