Comment la Russie manipule les influenceurs pour orienter l’opinion publique
La manipulation d’influenceurs européens par la Russie inquiète, selon Jean-Noël Barrot, appelant à la vigilance face à ces ingérences menaçant notre débat public.
Le paysage numérique européen est le théâtre de nouvelles formes d’ingérences. Selon Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire des Affaires étrangères, la Russie utiliserait des influenceurs pour manipuler l’opinion publique, notamment en France. Lors d’une audition devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, il a souligné les dangers croissants posés par ces tactiques numériques.
Ces méthodes ont déjà été observées lors des récentes élections en Moldavie et en Roumanie, ainsi que l’année dernière [LIRE] et il y a deux ans avec l’avant Jeux Olympiques Paris 2024. Le quotidien Le Monde révèle que plus de 2 000 créateurs de contenus européens, dont des Français, ont été approchés pour diffuser de la propagande prorusse.
Une vingtaine auraient accepté ce marché. Ces tentatives de manipulation s’inscrivent dans une stratégie globale visant à influencer les débats publics et les processus électoraux. Cet article explore ces pratiques, leur impact et les moyens pour s’en prémunir. Vigilance et coordination restent les maîtres mots pour contrer ces menaces.
« Plus de 2 000 créateurs de contenus européens ont été contactés par des personnes proches du Kremlin. »
La manipulation des influenceurs : une arme numérique de Moscou
Les réseaux sociaux, autrefois perçus comme des espaces de partage et d’échange, sont devenus des terrains fertiles pour les ingérences étrangères. Selon Jean-Noël Barrot, la Russie a développé des stratégies sophistiquées pour influencer les opinions à travers des influenceurs sur des plateformes comme Twitter, TikTok et Instagram. Ces tactiques, déjà déployées en Moldavie et en Roumanie, visent à perturber les processus démocratiques en inondant les débats de messages prorusses.
Les influenceurs ciblés sont approchés de manière subtile, souvent par des intermédiaires se présentant comme des agences ou des marques. En échange de compensations financières, ces créateurs de contenus diffusent des messages alignés sur les intérêts du Kremlin. Selon une enquête du journal Le Monde, plus de 2 000 influenceurs européens ont été contactés, et certains ont accepté de collaborer sans mesurer l’impact de leurs actions.
Les conséquences de ces manipulations sont graves : polarisation des opinions, désinformation et fragilisation des institutions démocratiques. La France, consciente de ces menaces, a renforcé ses outils de détection pour identifier ces ingérences numériques et protéger son débat public.
« Certains influenceurs, séduits par des offres financières, diffusent des messages sans réfléchir à leur impact. »
Une vigilance nécessaire face à des arnaques de plus en plus sophistiquées
L’ingérence numérique ne s’arrête pas à la diffusion de propagande. Elle s’accompagne parfois d’escroqueries ciblant les influenceurs et leurs communautés. L’exemple des céréales fictives Space Cereal illustre bien cette tendance. Des influenceurs, séduits par une offre financière, ont promu un produit inexistant. Les consommateurs, attirés par des bons de réduction, ont vu leurs comptes bancaires débités frauduleusement.
Ces opérations, parfois lancées depuis l’étranger comme Dubaï, montrent la capacité des escrocs à exploiter la crédulité et l’influence des créateurs de contenus. En tant que président d’une étude sur les influenceurs pour la Gendarmerie Nationale, j’ai pu constater que de nombreux influenceurs manquent de recul face à ces propositions. L’appât du gain pousse certains à promouvoir des messages sans vérifier leur légitimité.
Pour se protéger, il est essentiel de sensibiliser les influenceurs aux risques liés à la manipulation. La mise en place de programmes d’éducation numérique et de partenariats avec des institutions comme ZATAZ pourrait jouer un rôle clé dans cette lutte.
Renforcer la détection et la réponse aux ingérences numériques
Face à ces menaces croissantes, la France a développé des outils pour détecter et caractériser les ingérences numériques. Mais la technologie seule ne suffit pas. Une réponse efficace repose sur la collaboration entre les gouvernements, les plateformes numériques et les utilisateurs.
Jean-Noël Barrot a insisté sur l’importance de « faire front uni » pour contrer ces menaces. Cela inclut le renforcement des capacités des services de renseignement, la coopération internationale et la sensibilisation des citoyens. Pour les influenceurs, cela signifie adopter des pratiques éthiques et s’assurer de l’origine des propositions reçues. ZATAZ vous a souvent alerté sur ces « agences de communication » proposant des articles aux influenceurs cachant des liens vers des pages piégées.
N’hésitez pas à vous abonner dès maintenant à la newsletter de ZATAZ. Rejoignez également notre groupe WhatsApp et nos réseaux sociaux pour accéder à des informations exclusives, des alertes en temps réel et des conseils pratiques pour protéger vos données. Ensemble, restons vigilants face à la cybercriminalité.