Contrôle et blocage des sites pour adultes : régulation mondiale variée et complexe

Le blocage des sites pour adultes est une question sensible, avec des approches variées selon les pays, combinant contrôle des mineurs, respect des normes culturelles et technologies. En France, depuis le 11 janvier, l’identité doit être demandée par les sites pour adultes.

Face à l’essor des contenus en ligne, les gouvernements ont mis en place diverses stratégies pour réguler ou bloquer l’accès aux sites pour adultes. Ces méthodes varient en fonction des objectifs socioculturels, des impératifs légaux et des capacités technologiques disponibles. Du filtrage DNS à la vérification de l’âge, en passant par la criminalisation de l’accès, chaque pays adopte des mesures spécifiques. Cependant, ces restrictions suscitent des débats sur leur efficacité, les libertés individuelles et les moyens de contournement. Cet article explore les principales approches de régulation et leurs implications à travers le monde.

Les méthodes de blocage : filtrage DNS, blocage IP et analyse de contenu

Les gouvernements disposent de plusieurs outils techniques pour limiter l’accès aux sites pour adultes. Parmi eux, le filtrage DNS est souvent le plus utilisé. Il consiste à rediriger les requêtes vers des pages d’erreur ou des messages d’avertissement. Par exemple, en Inde et en Turquie, cette méthode est fréquemment appliquée. Malgré son efficacité apparente, elle est contournable grâce à des serveurs DNS alternatifs comme Google DNS (8.8.8.8) ou Cloudflare (1.1.1.1).

Le blocage IP va plus loin en ciblant directement les adresses des serveurs hébergeant les sites concernés. C’est une méthode privilégiée par la Chine, dont le célèbre « Grand Firewall » combine blocage DNS, IP et surveillance des communications. Cependant, les sites pour adultes ont recours à des services CDN (Content Delivery Network) pour rendre leurs adresses IP dynamiques et donc plus difficiles à bloquer.

Une autre méthode notable est le filtrage par mots-clés ou contenu, largement utilisé en Iran et en Arabie Saoudite. Ce système impose une surveillance en temps réel pour détecter et intercepter les contenus jugés inappropriés. Toutefois, l’utilisation généralisée du HTTPS complique l’inspection des données, rendant cette approche moins efficace.

En France

À partir du 11 janvier, les sites pornographiques doivent vérifier l’âge de leurs utilisateurs pour empêcher l’accès des mineurs, sous peine de blocage par l’Arcom, conformément à la loi Sren adoptée en mai. Cette vérification peut se faire via des documents d’identité ou des méthodes de "double anonymat", qui garantissent la majorité sans révéler l’identité de l’utilisateur.

En France, 2,3 millions de mineurs accèdent à des sites pornographiques. Une tolérance est accordée jusqu’au 11 avril pour les sites utilisant une carte bancaire, mais ils devront ensuite adopter une solution conforme. Des start-up comme IDxLab [voir plus  bas] proposent des systèmes, mais leur coût et l’effet dissuasif sur les utilisateurs conduisent à une baisse significative de fréquentation, comme l’explique le site français Tuk1f. La loi s’applique uniquement aux sites français et non européens [écouter ma chronique sur France Info, ci-dessus], ce qui laisse les utilisateurs se tourner vers des plateformes non réglementées. X (ex-Twitter ou encore Reddit, qui diffusent de nombreux contenus +18 ans, ne sont pas concernés).

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Vérification de l’âge : Une barrière juridique et technologique

L’une des tendances récentes en matière de régulation est la vérification de l’âge avant d’accéder aux sites pour adultes. Cela implique des solutions telles que l’identification numérique, la validation par carte bancaire ou l’achat de « passeports pour adultes ». Depuis 2023, la France impose aux plateformes pour adultes de vérifier l’âge de leurs utilisateurs sous peine de blocage. Un dispositif contrôlé par l’ARCOM.

En Allemagne, des réglementations similaires sont en vigueur, avec des sanctions strictes pour les plateformes ne respectant pas les normes. Cependant, ces mesures soulèvent des questions sur la confidentialité des données et les risques de fuite d’informations sensibles. De plus, les utilisateurs contournent souvent ces restrictions à l’aide de VPN ou d’autres technologies.

Cette méthode, bien qu’efficace dans certains cas, rencontre des limites importantes. La résistance des entreprises du numérique, les enjeux éthiques liés à la surveillance et l’ingéniosité des internautes pour éviter ces obstacles rendent son application difficile à généraliser.

« En 2023, la France a légiféré pour obliger les sites pour adultes à vérifier l’âge des utilisateurs sous peine de blocage. »

Vers un contrôle plus strict : Criminalisation, contrôle parental et surveillance numérique

Dans certains pays, la régulation dépasse le cadre technologique pour devenir juridique. Par exemple, en Corée du Nord, l’accès à Internet est totalement interdit pour la majorité des citoyens, rendant inutile toute régulation spécifique. En Pakistan, la diffusion et l’accès aux sites pour adultes sont criminalisés, exposant les contrevenants à des sanctions lourdes. En France, en octobre 2024, quatre sites avaient été visés par un blocage administratif.

Aux USA

Aux États-Unis, la régulation des sites pornographiques varie selon les États, sans législation fédérale uniforme. Certains États ont adopté des mesures pour restreindre l'accès des mineurs à ces sites.

Par exemple, la Louisiane a mis en place une loi exigeant une vérification de l'âge pour accéder aux sites pornographiques, obligeant les plateformes à confirmer que les utilisateurs ont au moins 18 ans. Cette vérification se fait généralement via une pièce d'identité ou un autre moyen d'authentification.

D'autres États, comme l'Utah, ont également adopté des lois similaires pour protéger les mineurs de l'accès à la pornographie en ligne. Ces mesures visent à responsabiliser les sites quant à la vérification de l'âge de leurs utilisateurs.

Cependant, ces initiatives suscitent des débats sur la protection de la vie privée, la liberté d'expression et l'efficacité des méthodes de vérification de l'âge. Les défenseurs de la vie privée s'inquiètent des risques potentiels liés à la collecte de données personnelles, tandis que d'autres soulignent l'importance de protéger les mineurs contre l'exposition à des contenus inappropriés.

Il est donc essentiel de suivre l'évolution de ces réglementations et des technologies de vérification de l'âge pour comprendre leur impact sur l'accès aux contenus pour adultes aux États-Unis.

D’autres gouvernements, comme le Royaume-Uni, optent pour une approche plus axée sur la responsabilisation des utilisateurs. Les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) sont tenus de proposer des outils de contrôle parental activés par défaut, permettant aux parents de bloquer les contenus inappropriés. Cependant, l’efficacité de ce système repose sur la vigilance des adultes responsables.

Une dimension cruciale de cette régulation est l’implication des grandes plateformes technologiques. En Australie, par exemple, l’eSafety Commissioner travaille en collaboration avec des entreprises comme Google ou Facebook pour signaler et supprimer rapidement les contenus inappropriés. Cette surveillance proactive s’accompagne d’une analyse constante des technologies émergentes, mais elle pose des questions sur la protection de la vie privée et les limites de la censure.

« L’Australie collabore avec les géants du numérique pour supprimer les contenus non conformes à ses lois. »

Uniqbillet
L'un des outils mis en branle pour la gestion des accès sur des sites pour adultes, UniqBillet. L'outil a été développé par IDxLab, est une application mobile qui offre aux utilisateurs une "ID" unique, vérifiée, anonyme et sécurisé, valable cinq ans, pour accéder à divers services. Pour obtenir son UniqBillet, il faut répondre à un contrôle d'identité (1 minute) réalisé par ViaLink (un troisième intervenant, GreenBadg est responsable du traitement des données.). À l'aide d'une pièce d'identité valide, une vérification "FaceMatching" [fournir sa photo et une vidéo de son visage), basée sur l'intelligence artificielle (couvrant 150 pays), est effectuée. Une fois attribué, votre UniqBillet est valable cinq ans. Des sites pour adultes se plaignent du coût, jusqu'à 2 centimes par contrôle. De quoi faire monter la note quand plusieurs millions d'internautes se connectent, par jour. Nous avons testé l'outil. Il a détecté les faux papiers ; les CNI photographiées à partir d'un écran. Dès que vous souhaitez lire les différents FaQ, vous sortez de l'application et vous devez tout recommencer ! L'outil collecte nom, prénoms, adresse électronique, pièce d'identité et selfie. Un contrôle "humain" semble être orchestré. "Nos équipes reviendront vers vous dans le plus bref délais affiche l'application à la fin du processus." Pour finir, pour se connecter à l'application, en plus des identifiants de connexion, il vous sera demandé de prendre un selfie vidéo, à chaque connexion.

Les outils de contournement : un défi constant pour les régulateurs

Malgré la diversité et la sophistication des méthodes de blocage, les internautes trouvent des moyens de contourner ces restrictions. L’utilisation de VPN pour masquer leur localisation ou de navigateurs comme Tor pour naviguer anonymement est courante. Par ailleurs, les serveurs DNS alternatifs restent un moyen simple et efficace de contourner les blocages imposés par les FAI.

Cette dynamique entre régulation et contournement montre la complexité de la censure numérique. À mesure que les gouvernements développent de nouvelles technologies pour contrôler l’accès, les utilisateurs innovent pour préserver leur liberté en ligne. Cela soulève des questions sur l’équilibre entre la régulation nécessaire et la préservation des droits fondamentaux.

La régulation des sites pour adultes reflète les tensions entre les impératifs sociétaux, les avancées technologiques et les libertés individuelles. Si certaines méthodes, comme la vérification de l’âge, cherchent à protéger les mineurs, d’autres approches plus restrictives suscitent des débats sur les droits numériques et la vie privée. Face à ces défis, une coopération internationale et un dialogue ouvert entre gouvernements, entreprises technologiques et citoyens pourraient offrir des solutions équilibrées… ou pas !

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Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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