Cyberattaque contre ARIANE : une expérience qui doit nous servir
Le 5 décembre 2018, la plateforme de service « ARIANE » du ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE) a été victime d’une cyberattaque. Ce service permet aux ressortissants français qui s’inscrivent en ligne de recevoir des consignes de sécurité, lors de leurs voyages à l’étranger. Des données personnelles enregistrées lors de l’inscription sur la plateforme ont été dérobées.
Sitôt l’incident connu, le 13 décembre, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, que préside Christian Cambon (Les Républicains – Val-de-Marne), a demandé aux sénateurs Olivier Cadic (Union Centriste – Français établi hors de France) et Rachel Mazuir (Socialiste et républicain – Ain), rapporteurs des crédits du SGDSN (en charge de la politique de sécurité des systèmes d’information de l’Etat) et de l’ANSSI, de recueillir des éléments d’information sur cette cyberattaque.
Cas d’une cyberattaque
En déroulant patiemment le fil d’une cyberattaque comme celle d’«ARIANE», les rapporteurs ont essayé de comprendre comment le MEAE avait réagi et quels enseignements il pouvait en tirer pour renforcer sa résilience.
Le but de ce rapport d’information est, à partir d’un cas de cyberattaque aux conséquences fort heureusement limitées, de tirer des enseignements qui permettront d’améliorer la résilience des administrations de l’Etat en favorisant l’émergence en leur sein d’une culture de la cybersécurité, en affectant les moyens nécessaires à la protection de leurs systèmes d’information et en garantissant, en cas de crise, la fluidité des relations entre les différents acteurs de la prévention et la protection (ANSSI, DSI des ministères, CNIL) mais aussi de la judiciarisation.
Niveau de sécurité élevé pour Le ministère de l’Europe et des affaires étrangères
Le ministère de l’Europe et des affaires étrangères n’est sans doute pas le plus mal loti en matière de cyberprotection, compte tenu du caractère sensible des données traitées par ses systèmes d’information. Il dispose d’une capacité de protection jugée efficace et d’un niveau comparable à celle des autres ministères régaliens.
Néanmoins, on constatera qu’il n’est pas complètement en conformité dans la mise en oeuvre de la circulaire interministérielle de 2014, qu’il revendique une certaine autonomie dans la gestion de sa cyber protection et que, historiquement, sa relation avec l’ANSSI apparaît plus complexe que celle entretenue par l’Agence avec d’autres ministères.
Système de supervision
En outre, afin de détecter les éventuelles compromissions du système d’information (SI) du MEAE, l’ANSSI déploie un système de supervision de la sécurité à sa périphérie. Ce dispositif n’est pas spécifique au MEAE et est présent dans la plupart des ministères. Il est notamment constitué de dispositifs de captation du trafic du réseau et de sondes déployés dans les centres informatiques ministériels. Les sondes analysent les flux réseaux entrants et sortants du ministère, notamment les flux des applications web exposées sur Internet.
Les alertes issues de ces analyses sont remontées à l’ANSSI où une équipe se charge de les qualifier afin de vérifier leur bien-fondé et envoyer le cas échéant un signalement aux équipes du ministère. En cas de besoin, les équipes en charge du traitement d’incidents prennent le relais pour assister le ministère.
Sécurisé mais…
Les systèmes d’information ouverts sur l’extérieur du Ministère, notamment ceux interfacés avec le réseau Internet, étaient les plus vulnérables. Les attaquants ont profité d’une faille dans une brique logicielle utilisée pour construire cette plateforme. L’éditeur du logiciel avait identifié cette faille et livré à la DSI du MEAE le correctif nécessaire. La mise à jour n’avait pas encore été installée. (Senat)