La cybercriminalité et les espèces sauvages vendues sur Internet
Grandes entreprises, agences gouvernementales et ONG se sont unis pour protéger les espèces sauvages menacées par la criminalité en ligne lors d’un événement unique qui s’est tenu lundi 26 septembre à la CoP17 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).
Cet événement en marge de la conférence, intitulé « Taking a Byte Out of Wildlife Cybercrime » (Réduire la cybercriminalité liée aux espèces sauvages), a regroupé les grandes entreprises du Web Tencent (Chine) et eBay, ainsi que les ONG IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux – www.ifaw.org), TRAFFIC, le service des poursuites publiques du Kenya et l’autorité de gestion chinoise de la CITES. Ces entités ont exposé leurs stratégies de lutte contre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages.
« La cybercriminalité liée aux espèces sauvages constitue une grande menace pour les animaux en danger, et notamment pour les éléphants, les rhinocéros, les reptiles et les oiseaux », a déclaré Tania McCrea-Steele, Chef de projet international Criminalité en ligne liée à la faune sauvage d’IFAW. « Alors que l’éléphant d’Afrique connaît un déclin sans précédent et que le braconnage tue des rhinocéros par milliers depuis trois années consécutives – chiffre qui ne cesse par ailleurs d’augmenter –, il devient urgent que les entreprises, les gouvernements et les ONG s’allient pour lutter contre ce danger grandissant. Cette initiative nous permet de nous attaquer au problème de la cybercriminalité liée aux espèces sauvages dans sa globalité. »
En mai 2015, Tencent, propriétaire du réseau social Wechat et du service de messagerie instantanée QQ, a lancé le programme « Tencent pour la planète » en collaboration avec The Nature Conservancy et IFAW. Cette initiative a pour but de sensibiliser les utilisateurs de ces plateformes à la conservation des espèces et de stigmatiser le trafic d’espèces sauvages. Le groupe travaille également en étroite collaboration avec des ONG pour renforcer ses connaissances en matière de contrôle du commerce d’espèces, notamment en ce qui concerne la conservation et l’identification des espèces, mais aussi pour supprimer les publications non-autorisées sur WeChat et QQ, et pour faciliter la lutte contre la fraude. « Tencent s’est engagé à créer un environnement en ligne sûr et respectueux de la nature », a quant à lui ajouté Band Yang, Directeur du comité exécutif sur la sécurité de l’information de Tencent et co-organisateur de l’événement. « Nous appliquons une politique de tolérance zéro à l’égard du trafic d’espèces sauvages qui s’approprie nos produits et nos services et mettons notre expertise au service de l’innovation pour protéger les espèces menacées sur Internet. Nous collaborons également avec d’autres grandes entreprises du secteur des technologies pour établir des normes en matière de lutte contre le trafic d’espèces sauvages, mais aussi pour échanger nos expériences avec ces groupes qui partagent les mêmes valeurs. »
En janvier 2009, eBay a pris la décision importante d’interdire la vente de tous les articles en ivoire sur ses plateformes du monde entier et a tout fait depuis lors pour renforcer son système de lutte contre la fraude et de surveillance. « eBay possède plus de dix ans d’expérience dans la lutte contre le trafic d’espèces sauvages, confirme Wolfgang Weber, Directeur des réglementations internationales d’eBay. Nous avons animé la première table ronde pour cibler le trafic d’ivoire en collaboration avec IFAW et des organismes chargés de l’application des lois en 2006. Grâce à notre expérience, nous savons que ces partenariats sont le moyen le plus puissant et le plus efficace d’obtenir des résultats concrets et durables. C’est pourquoi nous saluons et soutenons cette initiative importante. »
Le trafic d’espèces sauvages en ligne a pris beaucoup d’ampleur et est devenu difficile à contrôler. Dans son rapport de 2014 Recherché : mort ou vif, le trafic d’espèces sauvages sur Internet dévoilé, IFAW relate une enquête de six semaines qu’elle a menée sur 280 sites d’e-commerce à travers 16 pays dont les recherches ont révélé que plus de 30 000 animaux sauvages menacés et en danger étaient commercialisés en ligne, qu’il s’agisse d’animaux vivants ou de parties d’animaux. Les enquêteurs ont déniché 9 482 annonces vendant des animaux menacés et des produits issus de la faune sauvage, pour un montant équivalant à pas moins de 10 millions de dollars (environ 9 millions d’euros).