Cybercriminalité : un hacker derrière 90 dataleaks arrêté en Thaïlande
Arrestation d’un pirate informatique de 39 ans à Bangkok. Il est soupçonné d’être responsable de dizaines de violations de données à travers le monde, il aurait compromis plus de 13 téraoctets d’informations sensibles.
Depuis 2021, ce hacker, connu sous les pseudonymes ALTDOS, DESORDEN, GHOSTR et 0mid16B, figurait parmi les cybercriminels les plus actifs de la région Asie-Pacifique. Son arrestation est le fruit d’une collaboration entre les forces de police de Singapour et de Thaïlande. Il a ciblé des entreprises dans des secteurs variés tels que la santé, la finance, la logistique, l’assurance, la restauration et le recrutement, touchant des pays comme la Thaïlande, Singapour, la Malaisie, l’Indonésie, l’Inde, mais aussi le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis.
Une stratégie d’extorsion bien rodée
Contrairement aux cybercriminels utilisant des ransomwares, ce bad hacker ne publiait pas immédiatement les données volées sur le dark web. Il préférait contacter directement les entreprises touchées en menaçant de divulguer leurs informations confidentielles aux médias ou aux organismes de régulation. Cette approche maximisait la pression financière et réputationnelle sur les victimes, les incitant à céder à ses demandes. Le groupe Rex Mundi agissait de la sorte, voilà plus de dix ans.
« Il allait jusqu’à contacter directement les clients des entreprises pour accentuer la pression« , expliquent les autorités.
Les enquêteurs ont découvert qu’il avait également chiffré certaines bases de données pour renforcer son contrôle sur les informations volées. Son mode opératoire impliquait l’exploitation de vulnérabilités réseau, l’exfiltration de données sensibles et leur mise en vente sur des plateformes du dark web, souvent en échange de cryptomonnaies. Parmi les cibles, le ZATAZ Watch avait repéré en son temps, car des francophones abonnés au Service Veille ZATAZ étaient concernés : l’opérateur indonésien PT Jasamarga, l’opérateur Tollroad, Acer Taïwan, Johnson Fitness, les hôtels Centara ainsi que plusieurs restaurants en Indonésie et Malaisie.
Une traque longue et complexe
Les autorités singapouriennes ont commencé à enquêter sur lui en 2020, après que plusieurs entreprises ont signalé des demandes de rançon de la part d’un individu utilisant divers pseudonymes. Son arrestation a été compliquée par son habileté à changer régulièrement d’identité en ligne [un grand classique chez les pirates de données]. Il créait de nouveaux profils sur Raid Forum ou encore Breached pour masquer ses activités précédentes, une stratégie efficace pour éviter d’être identifié.
Lors de son arrestation dans un quartier de Bangkok, les forces de l’ordre ont saisi un ensemble de biens de luxe, dont des sacs Chanel, des montres et des bijoux, ainsi que des équipements électroniques utilisés pour ses cyberattaques. « Le suspect aurait amassé une fortune en vendant des données sur le dark web, où les transactions s’effectuent de manière anonyme et en cryptomonnaies« , a indiqué un responsable thaïlandais.
Les autorités thaïlandaises et singapouriennes ont suivi la trace de ses activités en ligne, jusqu’à l’identifier formellement. Cette opération révèle l’importance croissante de la coopération internationale dans la lutte contre la cybercriminalité.
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