Escroquerie au président : la menace des faux RIB pour détourner les salaires
ZATAZ a récemment identifié une nouvelle vague de fraudes au président, également appelée FoVI (Fraude au faux virement). Cette forme d’escroquerie, qui consiste à usurper l’identité d’employés pour modifier des coordonnées bancaires, permet aux cybercriminels de détourner les salaires directement vers leurs propres comptes.
Les fraudeurs exploitent la confiance des services de paie et la routine des processus internes pour agir de manière discrète et prolongée. Cette méthode, bien que sophistiquée, reste difficile à détecter rapidement, laissant le temps aux escrocs de récolter des sommes importantes avant que la fraude ne soit découverte.
Une fraude au président qui évolue
La fraude au président n’est pas un phénomène nouveau. Elle consiste à inciter un employé à effectuer un virement bancaire frauduleux en se faisant passer pour une autorité de l’entreprise, comme un dirigeant ou un directeur financier. Jusqu’à présent, les escrocs ciblaient principalement des virements ponctuels à forte somme.
Mais ces derniers mois, ZATAZ a repéré une évolution inquiétante de cette méthode de FoVI. Déjà, en 2020, je vous alertais de la technique. Aujourd’hui, elle gagne un terrain inquiétant. Les fraudeurs visent désormais aux salaires réguliers des employés. En se faisant passer pour un collaborateur, ils demandent la modification de leur RIB auprès du service de paie. Une fois le changement effectué, les salaires sont automatiquement versés sur le compte bancaire des escrocs.
Cette fraude est particulièrement redoutable car elle passe souvent inaperçue, jusqu’à ce que les employés concernés constatent l’absence de versement de leur salaire.
L’exploitation des informations internes est au cœur de cette escroquerie. Les pirates utilisent des données précises sur l’entreprise – organigrammes, noms des employés, structures hiérarchiques – souvent obtenues par des fuites de données ou des attaques de phishing (hameçonnage). Ces détails renforcent la crédibilité des demandes, rendant le piège plus difficile à détecter par les services de comptabilité.
Des cas concrets repérés par ZATAZ
En janvier 2025, une entreprise de logistique basée en région parisienne a été victime de cette technique. Les escrocs ont usurpé l’identité de cinq employés différents. Un mail, rédigé dans un style professionnel et utilisant une adresse presque identique à celle de l’entreprise, a été envoyé au service de paie. La demande portait sur la modification du RIB des employés concernés. Les salaires ont été versés sur les comptes des escrocs. Le montant total détourné s’élève à 75 000 euros.
Un mois plus tard, en février 2025, une mairie du sud de la France a été ciblée de la même manière. Un escroc a utilisé une adresse électronique imitant celle du service des ressources humaines de la mairie. La demande concernait la modification du RIB d’un responsable administratif. Deux mois de salaires, soit 12 000 euros, ont été détournés avant que la fraude ne soit découverte.
En mars 2025, une société de conseil basée à Lyon a également été la cible d’une attaque similaire. Cette fois, le fraudeur s’est fait passer pour le directeur des ressources humaines de l’entreprise. Il a envoyé un mail au service comptabilité, accompagné d’une lettre signée (falsifiée), pour demander la modification des coordonnées bancaires de trois employés. Le service comptable, n’ayant détecté aucun signe de falsification, a validé la demande. Les salaires ont été détournés vers le compte de l’escroc, pour un montant total de 18 500 euros. L’entreprise a découvert la fraude après une réclamation collective des employés.
Une escroquerie déjà utilisée pour détourner des loyers
ZATAZ avait déjà signalé, il y a maintenant bientôt 10 ans, une autre forme de fraude au président impliquant des bailleurs sociaux. Les escrocs se faisaient passer pour des gestionnaires de parcs immobiliers et demandaient la modification des coordonnées bancaires pour le versement des loyers.
Dans l’un des cas recensés, une lettre officielle accompagnée d’un faux RIB avait été adressée à un organisme de gestion locative. Les paiements des loyers ont été versés pendant plusieurs mois sur le compte du pirate avant que la fraude ne soit découverte. Les pertes s’élevaient alors à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Cette technique montre la capacité des cybercriminels à s’adapter et à cibler différents secteurs d’activité pour maximiser leurs gains.
Ce qui rend cette escroquerie redoutable, c’est la discrétion avec laquelle elle est opérée. Les escrocs n’ont pas besoin de forcer un virement exceptionnel : ils intègrent simplement le processus de paiement classique. Une fois le RIB modifié, les salaires sont versés automatiquement, sans déclencher de signal d’alerte.
L’absence de réaction immédiate complique la détection de la fraude. Les services de paie ne sont généralement alertés que lorsque l’employé légitime réclame son salaire. En raison de la complexité administrative, le délai de résolution peut alors s’étendre sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Pendant ce temps, les escrocs continuent de percevoir des salaires détournés.
Les techniques utilisées par les escrocs
Les pirates misent sur une combinaison de facteurs pour réussir leur fraude :
Usurpation d’identité : en utilisant des adresses mail similaires à celles de l’entreprise, les escrocs parviennent à contourner les filtres de sécurité.
Ingénierie sociale : ils exploitent la hiérarchie et la confiance interne pour manipuler les employés du service comptable.
Falsification de documents : les escrocs produisent des lettres officielles signées, renforçant la crédibilité de leurs demandes.
Exploitation des fuites de données : en utilisant des informations précises sur l’organigramme de l’entreprise, les pirates rendent leurs demandes réalistes et crédibles. Le Service Veille ZATAZ croise, chaque jour, des dizaines de documents sensibles accessibles dans le dark web, etc.
Des mesures de protection indispensables
Face à cette menace grandissante, les entreprises doivent renforcer leurs dispositifs de sécurité internes. Il est impératif de mettre en place une procédure de double validation (si ce n’est triple) pour toute demande de modification de RIB, impliquant une vérification par téléphone ou en personne. Sensibiliser les employés, en particulier le personnel des services de paie, aux risques liés à la fraude au faux virement. ZATAZ peut vous offrir une sensibilisation percutante et adaptée à vos besoins.
Installer des systèmes de surveillance automatisée des virements vers de nouveaux comptes bancaires. Configurer des alertes automatiques pour tout changement de coordonnées bancaires, en particulier pour les virements réguliers comme les salaires. Renforcer les filtres de sécurité des mails professionnels pour détecter les adresses usurpées.
La fraude au président continue de se perfectionner et de s’adapter aux dispositifs de sécurité mis en place. L’évolution vers la fraude au faux RIB illustre la capacité des cybercriminels à exploiter les failles organisationnelles et la confiance interne.
Les exemples repérés par ZATAZ montrent que même les structures les plus solides peuvent être vulnérables.
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