Facebook permet de léguer votre compte à votre mort
Ça y est, je suis mort ! Mon passage vers de l’au-delà vient de se conclure par ma rencontre avec Saint-Pierre. A première vue, le paradis m’ouvre ses portes. Seulement, il y a comme un problème. J’ai fermé le gaz, payé mes factures, bouclé ma succession… mais je n’ai pas réussi à effacer mon compte personnel sur Facebook. Bref, l’enfer est à portée de clic !
Dernièrement, sur RTL, j’expliquais comment il devenait de plus en plus difficile, pour les familles, de récupérer les informations numérique d’une personne décédées. Facebook propose de choisir un membre de votre famille. ZATAZ vous invite aussi à réfléchir à votre au-delà 2.0.
Ce qui est sympathique avec l’Internet est que nous avons une fâcheuse tendance à accepter de voir nos informations privées ne plus nous appartenir. Un fait mille fois constaté sur les portails communautaires comme Facebook, Twitter, Youtube. Surfant de poke en poke, de contact en contact, Facebook a eu l’idée de me rappeler, à moi et à une centaine d’autres amis, l’anniversaire d’un ami décédé il y a cinq mois. Son espace n’a jamais été fermé, les parents de notre camarade n’ayant trouvé aucun moyen de le faire efficacement. Les vastes réseaux sociaux deviennent des labyrinthes incommensurables pour les non-initiés. La loi Française peut s’appliquer pour faire fermer un compte d’un défaut « Mais faut-il encore pouvoir le faire appliquer sur le sol américain » nous indique un avocat. Une personne vivante bénéficie de moyens juridiques pour se défendre contre la diffusion d’information la concernant. L’action en violation du droit au respect de la vie privée est plus difficilement applicable dès qu’il s’agit d’un mort. « Cela pose alors le problème de l’atteinte à l’image et aux données du défunt sur Internet et plus largement au droit à l’oubli de la personne décédée. » confirme notre avocat. Pour un internaute, il est déjà très difficile de faire disparaître des données du web, alors imaginez l’enfer que vivent les familles qui veulent agir en mémoire de leur défunt.
Statut Facebook: « Je suis décédé. Bonne journée ! » – Lucifer et 12 autres personnes aiment ça !
Facebook avait mis en place une page dédiée baptisée « Signaler le profil d’une personne décédée« . Il suffit d’y rentrer l’identité de la personne à « immortaliser« , sa date de naissance, son adresse de compte, son lien de parenté avec le défunt et une preuve du décès, comme un avis ou un article de presse correspondant. Des démarches longues, fastidieuses et qui n’étaient pas automatiques. Une fois l’action confirmée par Facebook, seul les amis du défunt pouvaient continuer à écrire sur son mur, laisser des messages. Bref, une seconde vie pour le mort qui ne plait pas à la majorité des familles concernées. « Quand quelqu’un nous quitte, s’explique sur son blog Max Kelly, de Facebook, ils ne quittent pas nos souvenirs ou notre réseau social. » Bref, big-brother est sentimental !
« C’est la porte ouverte aux insultes, diffamations, et autres diffusions de données sur la vie privée du défunt, souligne l’avocat de ZATAZ, La meilleure des solutions serait de faire fermer le compte, mais les parents, les proches n’ont pas les mots de passe qui permettent de le faire. ». Depuis peu, il est possible de choisir un légataire. Pour cela, Facebook propose que vous choisissiez « un membre de votre famille ou un ami proche pour prendre soin de votre compte si quelque chose vous arrivait« . Bien entendu, pensez à éduquer ce membre de votre famille aux règles de sécurité informatique, cela pourra éviter que ce dernier soit utilisé comme une porte d’entrée à votre compte Facebook.
Faudra-t-il passer, d’ici peu, par un Notaire ?
N’oublions pas qu’il est l’unique garantie du respect du secret et conservation des directives du défunt. Faudra-t-il lui laisser nos informations de connexion ? Les mots de passe ? Compliqué à la vue du nombre de sites visité et d’inscriptions effectuées sur la toile. Compliqué aussi si on change très souvent d’identifiants. Sans oublier des espaces inconnus des familles. L’exemple Ashley Madisson est intéressant. Certains inscrits étaient décédés lors de la fuite de données de ce site de rencontres. Autant dire que les veuves ont dû apprécier de savoir que leurs défunts virevoltaient en mode volage 2.0 !
Quid de l’accès à mes données de mort ?
Facebook propose une autre possibilité qui permet de récupérer l’intégralité des actions, messages, photographies, diffusées sur un compte Facebook, que vous soyez entre quatre planches ou non. D’un clic de bouton de souris, il suffit de se rendre dans « vos paramètres de compte« , puis onglet « télécharger vos données » pour que vos héritiers puissent tout savoir sur vos secrets. « Ce fichier contient des informations de nature sensible, confirme l’avocat de Zataz, comme vos messages et les informations de votre profil. » Autant dire que si vous aviez des choses à cacher de votre vivant, l’automatisation du portail communautaire aura votre mort. Même les messages que vous aviez effacés sont sauvegardés et redistribués à la demande. Mortel non ?!
Mes mots de passe en héritage
Avec le monde numérique qui berce nos vies, il va falloir penser à rajouter quelques lignes supplémentaires à nos dernières volontés. Parmi ces lignes, faire de manière à ce que le notaire puisse fournir aux ayants droits les mots de passe de connexion à Facebook, mais aussi aux nombreux comptes de courriers électroniques, forums, sites web que vous utilisiez. « Normalement, confirme l’avocat de ZATAZ, la personne qui est chargée de la succession devrait pouvoir se charger de désactiver les comptes électroniques. Le problème, c’est qu’elle ne connait pas ces précieux sésames. Je conseille aux utilisateurs de sauvegarder, sur papier, ces informations, à la banque ou chez son notaire ». Un peu comme la carte des donneurs d’organes, les amateurs du numérique devront aussi penser à indiquer ce qu’il souhaite que l’on fasse de leur vie virtuelle après leur trépas !
A lire, l’article diffusé sur le site de la CNIL qui rappelle que la prise en compte de l’intérêt des héritiers n’est pas évidente en l’absence d’expression de la volonté du défunt. Afin de pallier cette carence, les grands acteurs de l’Internet, tels Google et Facebook proposent des fonctionnalités permettant de paramétrer « la mort numérique », comme celle présentée ci-dessus.