La justice, mes données et les pirates
Les vols de données explosent. Les magistrats sont dépassés par la complexité des dossiers.
Alors que la cybersécurité est un enjeu majeur, la société CISCO, leader mondial des réseaux, constate dans son rapport annuel sur la sécurité, une augmentation du vol des données. Ce dernier fourni plusieurs explications à cet étonnant constat. Tout d’abord, si la majorité des entreprises estiment disposer de bons contrôles de sécurité, elles sont 10% de moins, par rapport à l’année 2014, à avoir mis à jour, en 2015, leurs infrastructures de sécurité.
Les cybercriminels profitent par ailleurs du cryptage du trafic des données ainsi que des sites compromis pour échapper à la détection effectuée par les produits de sécurité. Les extensions malveillantes de navigateur constituent également une porte de sortie efficace pour les hackers.
85% des entreprises en seraient d’ailleurs victimes. Ce rapport souligne en outre la dangerosité des objets connectés à internet puisque plus de 90% d’entre eux sont vulnérables aux failles connues des hackers.
Le vol de données n’étant pas la meilleure des publicités pour les entreprises, ces dernières préfèrent ne pas communiquer autour des attaques dont elles sont victimes. Ainsi, seules 21% d’entre elles informent leurs partenaires, 18% les autorités et 15% leur compagnie d’assurance. Ces chiffres sont encore moins importants lorsque ce sont des PME qui en sont les victimes.
Dans un même temps, les condamnations de personnes présentées devant les magistrats pour des faits de vols de données connaissent, une forte augmentation. Ce qui, compte tenu de la difficulté d’appréhender les cybercriminels, peut paraître curieux.
Les magistrats, compte tenu de la technicité des documents produits par les personnes qui leur sont présentées pour de tels faits, condamnent en effet parfois (souvent) sans avoir véritablement recherché si ces dernières sont matériellement coupables de cette infraction.
Il est par ailleurs très difficile, en matière juridique, de rapporter la preuve d’un fait négatif…
(Par Maitre Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC)