Le fondateur de Telegram parle de l’intérêt que lui porte le Fbi
Une plongée dans l’univers de surveillance et de sécurité qui entoure l’une des applications de messagerie les plus populaires au monde, Telegram. Son auteur, Pavel Durov, revient sur ses contacts avec le FBI et la Russie ! Révélations exclusives dans une interview rare.
Le fondateur de Telegram, une application de messagerie sécurisée qui compte plus de 900 millions d’utilisateurs à travers le monde, a récemment révélé lors d’une interview avec le journaliste Tucker Carlson à Dubaï, les multiples interactions qu’il a eues avec le Federal Bureau of Investigation (FBI) des États-Unis.
Les propos de Pavel Durov [Aka Paul du Rove sur son passeport Français*] mettent en lumière les tensions croissantes entre les géants de la technologie et les autorités gouvernementales en matière de confidentialité et de sécurité des données. Des autorités qui reviennent à la charge, partout dans le monde, pour que les messageries sécurisées soient moins sécurisées !
Le FBI tente de multiples approches
Durov explique que l’attention du FBI a été particulièrement intense dès son arrivée sur le sol américain. « La dernière fois que je suis allé aux États-Unis, j’ai amené un ingénieur qui travaille chez Telegram, et l’agence a tenté de l’embaucher secrètement« , confie-t-il. Cette approche directe soulève des questions sur les intentions du FBI concernant les technologies intégrées à Telegram, notamment les bibliothèques open-source utilisées dans l’application. Pour Durov, le FBI aurait bien caché une backdoor dans Telegram pour mettre la main sur des données et des utilisateurs criminels.
Selon Durov, ces tentatives d’ingérence ne se limitent pas à des offres d’emploi indésirables. Il a subi des pressions lors de ses visites aux États-Unis, où des agents du FBI l’ont régulièrement accueilli à l’aéroport pour l’interroger. « Un jour, alors que je prenais mon petit-déjeuner, des agents se sont présentés à la maison que je louais. C’était une véritable surprise« , ajoute-t-il, illustrant le niveau de surveillance auquel il a été soumis.
Telegram et le Kremlin
Au-delà des interactions avec le FBI, Durov aborde également les accusations récurrentes de liens avec le Kremlin. Il réfute fermement ces allégations, soulignant que de telles idées sont souvent propagées par des concurrents cherchant à nuire à l’image de Telegram, qui continue de croître rapidement avec 2,5 millions de nouveaux utilisateurs chaque jour. « Ces allégations sont probablement encouragées par nos concurrents« , déclare Durov. Il faut cependant rappeler que Telegram est la dernière messagerie « étrangère » acceptée par le gouvernement Poutine.
L’histoire de Durov avec les autorités russes est complexe. Il a quitté son poste de CEO de VKontakte (VK), le plus grand réseau social russe, en raison de pressions du Kremlin exigeant des données sur les utilisateurs impliqués dans les manifestations de 2013 en Ukraine. Durov a refusé de coopérer, une décision qui a finalement conduit à son départ de la Russie. « J’ai été confronté à un choix difficile : obéir au Kremlin ou quitter le pays. J’ai choisi la seconde option« , confesse-t-il.
Cette interview offre un aperçu rare dans les coulisses de la gestion d’une plateforme de messagerie mondiale confrontée à des défis de sécurité nationale et à des dilemmes éthiques concernant la vie privée des utilisateurs. Elle souligne également l’importance de la transparence et de la confiance dans le secteur technologique, en particulier lorsqu’il s’agit de protéger les données des utilisateurs contre les intrusions gouvernementales.
Le défi du chiffrement de bout en bout face aux exigences de la sécurité publique
Les forces de police à travers l’Europe, avec Europol en tête, expriment de sérieuses réserves quant à l’adoption généralisée du chiffrement de bout en bout par les services de messagerie. Ce type de chiffrement garantit que seuls l’émetteur et le destinataire peuvent accéder au contenu des messages, excluant ainsi les intermédiaires, y compris les plateformes elles-mêmes.
Ce système de protection des données personnelles est devenu un casse-tête pour les enquêteurs qui craignent qu’il ne facilite les activités criminelles. Une déclaration commune publiée récemment par les forces de police européennes met en lumière leurs inquiétudes : sans accès aux communications, les enquêtes sur des crimes sévères tels que la maltraitance d’enfants, la traite des êtres humains, le trafic de drogues, les meurtres, la criminalité financière et le terrorisme pourraient être entravées.
Les autorités policières argumentent que l’histoire n’a jamais toléré des espaces où les forces de l’ordre ne peuvent intervenir. Elles appellent donc les entreprises technologiques à maintenir des mécanismes permettant de détecter et signaler les comportements nuisibles et illégaux tout en préservant la possibilité pour les forces de l’ordre d’accéder à des informations vitales pour la sécurité publique.
Catherine De Bolle, la cheffe d’Europol, souligne la responsabilité sociale des entreprises technologiques dans la création d’un environnement numérique sécurisé. Elle appelle à une collaboration plus étroite pour garantir que justice et sécurité puissent efficacement cohabiter dans l’espace numérique. [ITW]