Le télétravail accroît l’ « anxiété numérique ».
Deux tiers des télétravailleurs déclarent s’inquiéter pour leur sécurité et leur vie privée en ligne, même s’ils ne sont confrontés à aucun problème concret.
Avec la pandémie de Covid-19, le télétravail s’est imposé dans les entreprises. Le recours à ce mode de travail a peut-être limité la propagation du virus, mais selon une nouvelle analyse de notre partenaire F-Secure Business / With Secure, il a pu contribuer à augmenter l’anxiété numérique des employés.
Dans une enquête récente*, 67 % des télétravailleurs ont déclaré s’inquiéter davantage pour leur sécurité et leur vie privée en ligne, contre 58 % des autres utilisateurs.
Le docteur Lee Hadlington est maître de conférences en cyberpsychologie à l’université de Nottingham Trent. Ses recherches portent notamment sur l’adhésion des employés aux pratiques de cybersécurité. Selon lui, il est logique que le passage soudain au télétravail ait augmenté l’anxiété face aux cybermenaces.
« Il n’est pas surprenant que les télétravailleurs aient commencé à s’inquiéter davantage pour leur cybersécurité. Beaucoup d’entre eux ont été propulsés dans le monde du télétravail sans réelle préparation, formation ni équipement. N’oublions pas qu’en présentiel, les employés comptent sur les équipes de sécurité pour les protéger. Par ailleurs, les environnements de télétravail sont souvent loin d’être idéaux (bureau situé dans des pièces très fréquentées de la maison, connexion Internet limitée, connaissance limitée de la technologie internet). Les craintes liées à la cybersécurité sont donc probablement le symptôme d’une combinaison de tous ces facteurs », explique-t-il.
Dans cette étude, les télétravailleurs ont fait état de plusieurs inquiétudes :
- 65 % d’entre eux ont déclaré qu’internet devenait un endroit plus dangereux, contre 54 % pour les autres individus interrogés.
- 63% d’entre eux ont déclaré que leurs inquiétudes relatives à la confidentialité des données avaient changé leur façon d’utiliser internet, contre 48% pour les autres individus interrogés.
- 71 % d’entre eux ont déclaré qu’ils craignaient que les nouveaux objets connectés (vêtements, appareils ménagers connectés) constituent un danger pour leur vie privée, contre 64 % pour les travailleurs en présentiel.
- 70 % d’entre eux hésitent à se connecter aux réseaux WiFi publics du fait des risques de sécurité encourus, contre 63 % pour les autres individus interrogés.
« Avec le télétravail, les employés ont pu se concentrer sur d’autres aspects de leur vie professionnelle. Ils ont eu davantage de temps pour réfléchir à leur propre fonctionnement, et ont pu mener une réévaluation des cyber-risques dans leur vie quotidienne. Parallèlement, la pandémie a eu pour effet d’isoler les individus. Beaucoup se sont tournés vers la seule chose à laquelle ils avaient accès : internet. Le fait de consacrer davantage de temps à une activité peut conduire à une plus grande perception du risque, et ce phénomène s’accentue lorsque le sujet reçoit des informations négatives », poursuit le Dr Hadlington.
Selon Tom Gaffney, Security Consultant chez F-Secure, le télétravail nécessite des mesures techniques pour protéger les données et les appareils, mais aussi des mesures visant à séparer vie personnelle et vie professionnelle.
« Pour se protéger et protéger leur vie privée, les télétravailleurs doivent mettre à jour leurs logiciels et systèmes d’exploitation, s’assurer que leurs appareils personnels sont équipés de logiciels de sécurité, et prendre certaines mesures basiques de protection », explique Tom Gaffney. « Ils doivent aussi séparer les activités personnelles et professionnelles en ligne. Il leur faut limiter l’utilisation de certains appareils à certaines activités et à certains horaires. C’est ainsi qu’ils peuvent atténuer l’anxiété numérique. »
*Source : Enquête F-Secure Consumer Wave 4 (2021), neuf pays (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Brésil, Pays-Bas, Mexique, Suède, Japon), taille de l’échantillon 800/pays, total 7200 individus interrogés.