Les attaques DDoS à l’encontre des groupes de rançonneurs explosent

Plusieurs tentatives de blocages d’espaces pirates à coups de DDoS ont tenté de réduire au silence les professionnels du rançonnage. Ces derniers renforcent leur sécurité !

Mais qui se cache derrière les cyber attaques visant les groupes de pirates informatiques tels que LockBit, ALPHV/BlackCat, Hive, Everest, Ragnar ? Depuis la fin août, des tentatives plus ou moins infructueuses tentent de mettre sous silence les professionnels du rançonnage 2.0. Qui derrière ces attaques ?

Pour Lockbit 3.0, il s’agirait de sociétés de cyber sécurité. Pour d’autres, les autorités. Un troisième larron peut aussi s’imbriquer : le maître chanteur spécialisé dans les maîtres chanteurs. Ils prennent en otage les sites pirates. Ils sont rendus aprés le paiement du rançon !

Le 20 août 2022, les sites de Lockbit 3.0 (plus d’une trentaine) ne répondait plus. Environ 1000 serveurs balançaient 400 requêtes par seconde pour chaque domaine malveillant. Une semaine plus tard, la société Cisco Talos constatait le blocage du « blog » du groupe ALPHV.

Depuis quelques jours, de nouveau, plusieurs groupes ne peuvent plus diffuser leurs menaces et vols de données. Ils mettent en place, au fur et à mesure, des protections et sites miroirs, comme Avos Locker. Preuves qu’ils ne manquent pas de moyen pour se protéger.

Des pirates rois de la R&D ?

Protection contre le piratage, méthodes d’infiltrations et évolution dans les techniques de chiffrement. Pas de doute, les pirates informatiques professionnels tel que Lockbit 3.0 mettent les moyens pour assouvir leur soif de dollars. Une « innovation » en date, le chiffrement par petit bout. Pour gagner du temps sur la prise d’otage des fichiers, les pirates ont mis en place une méthode qui permet de démultiplier la vitesse de la prise d’otage, et ainsi éviter la détection.

Cette tactique, baptisée « cryptage en rafale » consiste à ne chiffrer qu’une partie des fichiers cibles, par exemple en sautant tous les 16 octets d’un fichier. Bilan, la prise d’otage prend presque la moitié du temps nécessaire pour une blocage complet. Vicieuse, la technique mettant en place un chiffrement par intermittence perturbe les outils de détection automatique qui s’appuient sur des opérations d’E/S intensives. Bilan, ils ne sont pas en mesure de détecter les activités malveillantes.

SentinelLabs a publié un rapport examinant les tactiques lancées en 2021 et déjà utilisées par Black Basta, ALPHV (BlackCat), etc.

Black Basta, par exemple, chiffre l’intégralité du contenu de petits fichiers d’une taille maximale de 704 octets. Pour les fichiers dont la taille varie de 704 octets à 4 Ko, il crypte 64 octets et ignore 192 octets entre les deux. Si la taille du fichier dépasse 4 Ko, Black Basta réduit la taille des intervalles intacts à 128 octets, tandis que la taille de la partie chiffrée reste à 64 octets.

En mars 2022, les chercheurs de Splunk avait calculé la vitesses des outils pirates de chiffrement. Le plus rapide et le plus dangereux : LockBit. Il était capable, à l’époque de sa version 2.0,  de crypter à une vitesse de 25 000 fichiers par minute.

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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