Les néo-nazis et l’intelligence artificielle : une menace croissante

Les extrémistes de tous horizons, en particulier les néo-nazis et les suprémacistes blancs, utilisent de plus en plus l’intelligence artificielle (IA) pour diffuser leur idéologie haineuse, recruter de nouveaux membres et radicaliser leurs partisans.

Je vous expliquais, cette semaine, dans les colonnes de France Info et France 3 comment un mystérieux site web tenu par un français caché en Russie, avait diffusé des menaces de morts à l’encontre d’avocats et de politiques de gauche français. De nombreux internautes découvraient le site [que l’auteur a rapidement fermé une fois son discours diffusé]. Un espace de propagande installé du côté de Moscou, membre affilié (de trés trés prêt) avec un hébergeur de vidéos (lui aussi herbé en Russie) qui explique permettre de diffuser les images que Youtube censure. Bref, entre platistes (la terre est plate), anti 5G (y a des trucs pour nous espionner dedans) et autres négationnistes (no comment), l’ambiance est, spéciale.

Un rapport récent du Middle East Media Research Institute (MEMRI) révèle l’ampleur des menaces de ce type de discours et personnes cachées derrière. D’autant qu’ils peuvent exploiter l’IA pour atteindre leurs objectifs néfastes. Selon MEMRI, les extrémistes américains utilisent des outils d’IA pour diffuser des discours de haine, recruter des membres et radicaliser les sympathisants en ligne à une échelle sans précédent. L’IA permet de produire du contenu haineux plus rapidement et de manière plus sophistiquée, y compris des vidéos, des images et du texte, créant ainsi un écosystème de propagande efficace et pernicieux.

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Des outils d’IA personnalisés et dangereux

Les groupes extrémistes développent leurs propres modèles d’IA, imprégnés de leur idéologie haineuse. Ces modèles sont utilisés pour produire des plans d’armes en 3D et des recettes pour fabriquer des bombes, augmentant ainsi la menace physique que représentent ces groupes. A noter, j’en parlais déjà il y a 20 ans, de nombreux plans de bombes sont des pièges, explosant lors de la constitution de l’engin explosif. Les chercheurs du Domestic Terrorism Threat Monitor, une branche de MEMRI, ont documenté l’utilisation croissante de l’IA par des néo-nazis, suprémacistes blancs et extrémistes antigouvernementaux.

Par exemple, en 2024, la production de contenu vidéo généré par l’IA a explosé, notamment grâce à des plateformes comme Sora d’OpenAI. Les extrémistes utilisent ces outils pour créer des vidéos trompeuses et incendiaires, comme des montages où le président Joe Biden utilise des insultes raciales ou l’actrice Emma Watson lit Mein Kampf en uniforme nazi. Ces vidéos sont conçues pour provoquer et polariser davantage la société. Les extrémistes utilisent également l’IA pour influencer les élections en générant des contenus spécifiquement destinés à semer la division et la confusion. Nous l’avions vu, aussi, avec les vidéos de propagandes anti JO, diffusée en juillet 2023 sur Telegram.

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Les entreprises technologiques ont mis en place des mesures pour empêcher l’utilisation abusive de leurs outils, mais les extrémistes trouvent des moyens de contourner ces barrières. Par exemple, ils exploitent la « faille de la grand-mère » pour formuler des demandes de manière à éviter les filtres de contenu. De plus, certains groupes vont au-delà de l’utilisation d’outils existants et créent leurs propres IA sans aucune barrière de sécurité, augmentant encore les risques.

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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  1. Thibault Weiss Reply

    Soyons sérieux, personne ne sera jamais convaincu par Emma Watson lisant Mein Kampf en uniforme nazi.

    Chaque parti utilise les moyens à sa disposition pour sa propagande, mais quelques geeks isolés n’auront jamais autant d’influence que les partis officiels et les lobbys officieux, solidement structurés, et appuyés sur des médias d’état omniprésents. Aujourd’hui en Europe, clairement, la menace n’est pas le retour du Reich.

  2. Alan Reply

    @Thibault:les partis qui montent actuellement sont clairement d’extrême-droite. Donc si ce n’est le retour du Reich, ce sont des risques clairs pour la démocratie : les IA manipulent des masses, largement plus que les « partis officiels », les IA de recommandation font monter les éléments de conflits.
    A lire absolument, la « Dictature des algorithmes »

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