L’interdiction de Kaspersky aux États-Unis : nouvelle étape dans la guerre de la cybersécurité
Le jeudi 22 juin, Washington a annoncé une mesure drastique contre le géant russe de la cybersécurité, Kaspersky. Le département américain du Commerce a interdit l’utilisation et la vente des logiciels antivirus Kaspersky aux États-Unis et par des Américains à l’étranger.
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Fondée en 1997 par Eugene Kaspersky, un expert en cryptographie russe, Kaspersky Lab est rapidement devenue une référence mondiale en matière de cybersécurité. Basée à Moscou, l’entreprise a su s’imposer sur le marché grâce à ses solutions antivirus performantes, utilisées aujourd’hui par plus de 400 millions de personnes et 270 000 entreprises dans le monde. La société possède des bureaux dans 31 pays et opère dans plus de 200 pays et territoires.
Les raisons de l’interdiction
La méfiance des États-Unis envers Kaspersky ne date pas d’hier. En 2017, le gouvernement américain avait déjà interdit l’utilisation des logiciels Kaspersky par les agences fédérales. Cette méfiance a été exacerbée par les tensions géopolitiques et les accusations de cyber-espionnage entre les deux nations. En mars 2022, la Commission fédérale des communications des États-Unis avait ajouté les produits Kaspersky à une liste d’équipements et services de communication considérés comme une menace pour la sécurité intérieure.
Selon le communiqué du département du Commerce, l’interdiction actuelle est justifiée par les liens présumés entre Kaspersky et les autorités militaires et de renseignement russes, qui utiliseraient ces logiciels pour collecter des informations sensibles. Gina Raimondo, secrétaire américaine au Commerce, a souligné que cette mesure est cruciale pour protéger la sécurité intérieure et les données personnelles des Américains.
En réponse à cette interdiction, Kaspersky a exprimé sa déception et son désaccord avec la décision américaine. L’entreprise a déclaré que cette décision était basée sur des préoccupations théoriques et non sur une évaluation complète de l’intégrité de ses produits. Kaspersky a également affirmé qu’elle n’a jamais été impliquée dans des activités menaçant la sécurité nationale des États-Unis et qu’elle a, au contraire, contribué à la protection du cyberespace américain.
Kaspersky a annoncé son intention de poursuivre toutes les options légales pour préserver ses activités et ses relations actuelles. La société a également proposé que la sécurité de ses produits soit vérifiée de manière indépendante par un tiers de confiance, proposition qui n’a pas été retenue par le département du Commerce.
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BIS repetita : conséquences pour les utilisateurs
Les utilisateurs américains de logiciels Kaspersky doivent désormais chercher des alternatives avant la date limite du 29 septembre. Si les entreprises et particuliers qui continuent d’utiliser ces produits ne s’exposent pas à des sanctions, ils sont néanmoins avertis des risques potentiels pour la cybersécurité. Les trois entités liées à Kaspersky ajoutées à la liste noire de Washington et du BIS [Bureau of Industry and Security] [AO Kaspersky Lab et OOO Kaspersky Group (Russie) et Kaspersky Labs Limited (Royaume-Uni) ] sont également visées pour leur coopération avec les autorités russes dans des activités de cyber-espionnage.
L’interdiction de Kaspersky aux États-Unis marque une nouvelle étape dans la guerre de la cybersécurité entre Washington et Moscou. Elle illustre la méfiance croissante envers les entreprises technologiques russes et les préoccupations concernant l’espionnage et la sécurité des données. Kaspersky, de son côté, se retrouve dans une position délicate, devant à la fois défendre son intégrité et adapter ses stratégies commerciales face à des restrictions de plus en plus sévères.
Dernier détail étonnant, il y a 15 jours, les mises à jours Windows étaient de nouveaux autorisées sur le sol Russe. Plusieurs contacts de ZATAZ faisaient part de la possibilité de patcher, via le lien officiel de Microsoft, sans passer par un VPN. La Russie ayant interdit toute connexion et utilisation d’outils « non Russe » depuis l’entrée en guerre contre l’Ukraine.