Parents : et si vous preniez soin du numérique de vos enfants ? Le cas de Near, un exemple glaçant
Le numérique fait partie intégrante de nos vies, et celle de vos enfants ne fait pas exception. Si beaucoup d’adolescents utilisent les technologies pour se divertir ou apprendre, d’autres s’égarent dans des activités plus sombres, parfois sans même s’en rendre compte. Le cas de Near, un jeune pirate français trouvé par ZATAZ, est un exemple édifiant des risques encourus lorsqu’un adolescent, isolé dans sa chambre, bascule dans des activités illicites en ligne.
Near/Nears/Near2tlg a vendu des données sensibles volées à des entreprises françaises comme le journal Le Point, SFR, Direct Assurance ou appartenant à de nombreux hôpitaux français, tout en pensant pouvoir effacer ses traces et échapper aux conséquences. Mais peut-on vraiment échapper à la justice numérique ?
Un constat alarmant : les chiffres parlent d’eux-mêmes
Lors de mes récentes interventions dans plusieurs établissements scolaires tels que l’Immaculée Conception de Seclin, le collège Jean Jaurès de Lomme ou encore le collège Pablo Neruda de Wattrelos, les réalités du numérique chez les jeunes me sont apparues clairement. Plusieurs dizaines de classes en quelques semaines (plus de 50 000 en deux décennies), une série de questions que je leur pose durant les ateliers :
50 % des élèves de 11 à 13 ans utilisent Telegram, une plateforme souvent associée à des échanges douteux.
72 % des jeunes filles de 11 à 15 ans ont déjà reçu au moins trois photographies inappropriées dans le mois de mon intervention.
40 % des élèves ont un vocabulaire inquiétant, avec des termes liés au piratage tels que « carding » ou « stealer ».
60 % des élèves ont été victimes de piratage, parfois sans en comprendre les implications.
« Les dangers du numérique pour les jeunes ne se limitent pas au cyberharcèlement : piratage et contenus inappropriés sont devenus leur quotidien. »
Ces chiffres montrent un manque de sensibilisation et d’encadrement des activités numériques des enfants, souvent laissés seuls face à des outils qu’ils ne maîtrisent pas entièrement. Parents, arrêtez de penser qu’à la différence de la rue, les enfants ne risquent rien face à un écran.
Un rapport qui révèle un mal-être numérique
En 2024, ZATAZ a présidé une étude en collaboration avec la Gendarmerie Nationale sur les gamers et influenceurs. Un rapport disparu dans les oubliettes de la grande muette. Quelques heures aprés sa publication, il m’était demandé de le retirer. Depuis, plus de son, plus d’image. Un rapport qui mettait en lumière plusieurs problématiques liées à l’usage numérique chez les jeunes :
Le mal-être des joueurs et joueuses : Les interactions en ligne exposent les jeunes à des comportements malveillants, allant du harcèlement à des arnaques.
L’attraction pour le piratage : Beaucoup de jeunes voient dans le hacking une reconnaissance sociale ou un moyen de gagner de l’argent rapidement.
Le rôle ambigu des influenceurs : Certains véhiculent une image idéalisée du piratage, inspirant des comportements à risque.
Voilà plus de 20 ans que je rencontre des adolescents pour parler cyber (je n’ai pas attendu que cela devienne une mode) Ces interventions, menées dans des écoles à travers la France et récemment sur l’Île de La Réunion à l’invitation de l’ARS (Agence Régionale de Santé) pour parler cyber avec des professionnels de la santé, continuent de mettre en lumière les dangers et de tenter de proposer des solutions concrètes.
Le cas de Near n’est pas unique : une fascination mal placée
Le cas de Near, révélé récemment par ZATAZ, illustre les risques liés à un usage non encadré du numérique. Ce jeune pirate informatique (un jeune majeur du côté de Pau ?) a vendu des données sensibles volées à de grandes entreprises françaises, notamment Direct Assurance, SFR et même des hôpitaux. Ici aussi, comme pour le cas de FREE, les ventes annoncées sont à prendre avec des pincettes. Near annonçait avoir vendu 1 fois les données de Direct Assurance ou encore 2 vente sur 3 pour Le Point. Initialement à la recherche de « liens sociaux » sur des forums pirates, Near a rapidement basculé vers une activité malveillante.
Après avoir effacé ses traces en ligne, fin novembre, pensant pouvoir repartir à zéro, il ne réalise pas que ses actions sont gravées dans les systèmes des entreprises victimes [comme le Magma sorti d’un volcan] et qu’il est sous le radar des autorités. Si ZATAZ a pu l’identifier, et ZATAZ n’est pas le seul, il est certain que les forces de l’ordre en ont beaucoup plus et qu’il devra rendre des comptes un jour ou l’autre.
Cependant, Near n’est pas un cas isolé. L’obsession pour l’image du « hacker », idéalisée par les réseaux sociaux et les médias, est un phénomène croissant. Le terme « hacker éthique », « hacker » ou encore « gentil hacker » est galvaudé et souvent utilisé comme un outil de valorisation sociale et/ou commercial. Les récents cas de novembre 2024 en sont des exemples parfaits :
Fausse vente de données prétendument volées à Free : une opération montée de toutes pièces que ZATAZ vous avait révélé, mis en place par un jeune pirate pour attirer l’attention. Les données n’ont jamais été vendues comme il va l’avouer plus tard.
Un présumé pirate français surveillé par la CIA : Cet individu, fondateur avec deux autres personnes de la fondation « Hackers sans Frontière » qui vient d’être entendu par la 13ᵉ chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris en décembre 2024, a présenté des récits rocambolesques dans son livre et de nombreuses interviews : surveillé par la CIA, fortunes accumulées via des actes de piratage, ou encore collaborations avec l’ANSSI, arrestation en Ukraine, voyage en Russie pour rencontrer des pirates, Etc. Tout était faux comme l’explique avec brio le journaliste juridique Gabriel Thierry sur Medium.
Ces récits captivent les adolescents, certains médias sont tombés dans le piège de ces histoires souvent à mille lieux de la réalité. Ils détournent les jeunes des véritables enjeux et conséquences judiciaires du cybercrime.
Que peuvent faire les parents ?
Les parents ont un rôle clé à jouer pour prévenir ces dérives. Pour Near, du haut de sa vingtaine d’années (présumée), plus grand chose. Pour les autres, voici quelques mesures concrètes que ZATAZ peut vous proposer :
S’informer et s’impliquer : Connaître les plateformes utilisées par vos enfants (Telegram, Discord, etc.) et leur expliquer les risques.
Participer aux ateliers de sensibilisation : Des interventions, comme celles menées par ZATAZ, offrent des outils aux parents pour mieux comprendre le numérique.
Encadrer l’utilisation des outils numériques : Mettre en place des règles claires pour limiter les risques d’exposition à des contenus dangereux.
Dialoguer régulièrement : Créer un climat de confiance pour que vos enfants n’hésitent pas à partager leurs expériences en ligne.
Enfin, si votre enfant a déjà commis des actes malveillants ou en a été victime, il est essentiel de prendre contact avec les autorités compétentes. Parler et reconnaître ses erreurs est souvent le premier pas pour éviter de graves conséquences judiciaires. Les dangers du numérique ne se limitent pas au cyberharcèlement : piratage, contenus inappropriés, et escroqueries touchent de nombreux jeunes. En tant que parents, il est crucial de s’informer, de dialoguer et d’agir pour protéger vos enfants.
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