Rapatriement des données du cloud : une stratégie payante ou risquée ?
Le principe de l’hébergement dans le cloud est-il toujours d’actualité ? Quelques entreprises ont décidé de rapatrier leurs données on-premises. Un défi réussi ! Mais au prix d’une organisation et de coûts qui ne sont pas à la portée de toutes les entreprises. Conscientes des risques engendrés par ce projet, beaucoup d’organisations jouent la sagesse et le réalisme. Elles adoptent une approche hybride du cloud en continuant de s’appuyer sur l’infrastructure du cloud public pour certaines charges de travail.
Une trop forte dépendance vis-à-vis d’un provider de cloud inquiète et peut inciter à un rapatriement pour une plus grande flexibilité et liberté à long terme. Des entreprises comme Dropbox et 37signals ont réussi à sortir d’AWS, réalisant des économies significatives.
Le cloud reste-t-il toujours la meilleure option ?
Plusieurs raisons majeures poussent les entreprises à déplacer leurs workloads sur le cloud vers des infrastructures sur site, on-premises. Parmi elles, la réduction des coûts est un argument convaincant. Les frais liés au cloud finissent bien souvent par dépasser les projections initiales. Des enquêtes réalisées par 451 Research et IDC ont montré que les coûts représentaient la raison n° 1 avancée pour le rapatriement des charges de travail.
En effet, les coûts élevés des hyperscalers, comme l’augmentation continue des prix et les frais de transfert de données élevés, peuvent entraîner un « choc de facturation » important.
En octobre 2022, OVHcloud a annoncé une hausse de 10 % de ses tarifs en la justifiant par l’inflation et l’augmentation des coûts de l’énergie. Les fournisseurs cloud, en particulier les hyperscalers, sont dans une approche d’augmentation continue des prix.
L’enquête IDC de 2018 a également révélé que la sécurité était un facteur décisif pour le rapatriement. Selon l’indice de transformation cloud 2022 d’IBM, 54 % des participants estiment que le cloud public n’est pas encore assez sécurisé. Les vulnérabilités récurrentes observées chez les fournisseurs de cloud comme Azure, AWS et GCP alimentent ces questions autour de la sécurité.
Des rapatriements réussis : la voie de l’avenir ??
L’engouement autour du rapatriement du cloud a commencé à se manifester au début de l’année 2018. À cette époque, Dropbox fait les gros titres en annonçant la migration inverse de ses données cloud, économisant au passage près de 75 millions de dollars en coûts d’infrastructure.
Plus récemment, 37signals a fait beaucoup de bruit en annonçant sa sortie d’AWS. Après avoir investi 3,2 millions de dollars dans les services cloud en 2022, l’éditeur de Basecamp a fait le choix de relocaliser son activité dans un datacenter en colocation. À la clé, 10 millions de dollars d’économisés en quittant le cloud !
Il est difficile de trouver des exemples précis d’entreprises européennes qui ont complètement quitté le cloud, car la plupart utilisent une combinaison de services de cloud public, privé et sur site pour répondre à leurs besoins spécifiques.
Selon le rapport The State of Cloud in Europe 2022, 87 % des entreprises européennes utilisent plusieurs plateformes de cloud public. Les motivations communes sont l’hébergement d’applications clés, la modernisation de nouvelles charges de travail et l’utilisation de la technologie cloud-native.
Plus un rééquilibrage qu’un rapatriement total
Plutôt qu’un rapatriement complet, certaines entreprises optent pour un « rééquilibrage » vers des architectures hybrides plus matures, combinant une infrastructure sur site et le cloud.
Le rapatriement complet des données du cloud nécessite en effet une évaluation approfondie des coûts et des bénéfices. Les entreprises doivent considérer les dépenses d’infrastructure, les coûts d’exploitation et de sécurité, ainsi que l’impact potentiel de la perte de services cloud-native. Elles doivent également s’assurer que leur infrastructure existante peut prendre en charge leurs données internes, sinon des investissements supplémentaires pourraient être nécessaires.
Comment optimiser son infrastructure IT ?
La mise en place d’une stratégie de cloud hybride nécessite une planification minutieuse et une exécution soignée. Quelques étapes clés assurent la réussite de ce projet :
1. Définir les objectifs et les besoins : il est crucial de définir clairement les raisons pour lesquelles vous choisissez un cloud hybride et les objectifs spécifiques que vous souhaitez atteindre.
2. Évaluer l’infrastructure et les workloads actuelles : comprendre votre infrastructure actuelle et les charges de travail vous aidera à déterminer quelles applications et données sont les mieux adaptées au cloud public ou privé, ou sur site.
3. Comprendre les coûts : il est important de comprendre les coûts associés à chaque option de cloud et de prendre en compte les coûts de migration et de fonctionnement. La réduction des coûts apparaissait comme l’une des motivations principales à l’adoption du cloud. Aujourd’hui, cependant, les entreprises sont confrontées à la montée en flèche des coûts comme nous l’avons évoqué au début de cet article. Il y a même un mot pour désigner le processus émergent pour y faire face : « FinOps ». Contraction des termes « finance » et « opération », il vise à optimiser les coûts du cloud computing et donc à déterminer la bonne approche hybride.
4. Considérer la sécurité et la conformité : assurez-vous que votre stratégie de cloud hybride respecte toutes les réglementations applicables et offre le niveau de sécurité nécessaire pour protéger vos données et en particulier celles à caractère personnel (RGPD).
5. Prévoir l’évolution : le paysage technologique évolue rapidement, il est donc crucial d’évaluer et d’ajuster continuellement votre stratégie pour qu’elle reste efficace et alignée sur vos objectifs.
L’avenir sera hybride
Dans les années qui viennent, nous assisterons probablement à une vague de rapatriements motivés par un regain d’intérêt pour l’optimisation des coûts. Cependant, l’important est de rester flexible et de suivre attentivement vos besoins.
En évaluant les coûts, les avantages et les risques, vous pouvez mieux planifier l’optimisation de vos plateformes dans une optique d’économie et de maximisation de la valeur. Mais aussi d’agilité. Avec l’évolution des technologies et des réglementations, les entreprises devront constamment réévaluer leurs stratégies de gestion des données pour garder une longueur d’avance.