REFUND : 30 millions d’euros détournés via à une arnaque de faux retours
Un réseau criminel baptisé « Zulon » vient d’être démantelé par la justice française. Ce système de fraude sophistiqué aurait permis de détourner jusqu’à 30 millions d’euros en exploitant les failles des politiques de remboursement des géants de l’e-commerce comme Amazon, Ikea ou Auchan.
Souvenez-vous, ZATAZ vous parlait de la folie du Refund, en France et dans le monde. Nous étions alors en 2022. Un Mac Pro pour quelques dizaines d’euros. Une carte graphique RTX pour à peine 150 dollars. Certains pirates informatiques se sont lancés dans le business très juteux du refund : se faire rembourser un produit sans être obligé de le rendre.
Ils se font appeler Refund Service, Refunding Room, l’empire du Refund, Refund France. Ils agissent en France, au Canada, aux États-Unis… Leur mission ? Offrir un service de remboursement de produits. L’internaute acheteur veut acquérir un ordinateur dernier cri, avec une carte graphique dernier cri, un écran OLED gigantesque et toutes les options qui font de ce PC une Rolls des machines domestiques… et il parvient à le faire pour une fraction du prix réel, grâce à la complicité de ces « blacknautes » spécialisés dans le remboursement frauduleux.
Aujourd’hui, la justice française vient de frapper un grand coup en démantelant l’un des réseaux de refunding les plus sophistiqués jamais découverts : « Zulon ».
Actif depuis quatre ans, ce système criminel permettait à ses membres de bénéficier de remboursements frauduleux sans jamais retourner les articles commandés.
Grâce à la complicité de facteurs corrompus et à une exploitation habile des failles des politiques de remboursement automatique des plateformes comme Amazon, Ikea ou Auchan, le réseau aurait détourné jusqu’à 30 millions d’euros.
Le cerveau présumé, un jeune Français installé à Dubaï, a été arrêté en janvier, suivi de cinq autres complices, dont un avocat parisien et un facteur de La Poste.
L’enquête révèle une organisation méthodique, aux ramifications complexes, qui blanchissait les fonds via des comptes étrangers et des cryptomonnaies. Retour sur les détails de cette affaire digne d’un thriller financier.
Un réseau organisé autour des failles de remboursement des géants du e-commerce
Le réseau « Zulon » s’est appuyé sur une faille bien connue mais rarement exploitée avec une telle précision : la politique de remboursement immédiat.
Depuis plusieurs années, les plateformes de vente en ligne comme Amazon ou Ikea facilitent le retour des produits en offrant un remboursement anticipé dès la validation du retour, avant même que le colis ne soit physiquement contrôlé. Le réseau criminel a su tirer parti de cette faille en montant une ingénierie sophistiquée de faux retours.
Le collectif opérait depuis Telegram, sous le nom de « Refund France« . La méthode était simple mais diaboliquement efficace :
Des complices au sein de La Poste utilisaient leurs téléphones professionnels Factéo pour scanner de faux codes-barres de retour.
Cette opération déclenchait automatiquement le remboursement du produit sur le compte du client, sans que l’article soit jamais retourné.
Les produits ainsi obtenus gratuitement étaient ensuite revendus sur des plateformes comme Leboncoin ou Vinted, générant des revenus supplémentaires.
Une échelle industrielle
L’enquête de la police judiciaire de Versailles a permis de révéler que certains clients du réseau avaient généré jusqu’à 400 faux retours en quelques mois. Les produits concernés allaient des vêtements de luxe aux smartphones, en passant par des appareils électroniques coûteux.
« Certains membres ont accumulé des gains dépassant plusieurs centaines de milliers d’euros grâce à ces remboursements frauduleux. »
Les sommes détournées transitaient ensuite par des comptes bancaires étrangers, avant d’être converties en cryptomonnaies pour brouiller les pistes.
Les arrestations ont révélé une organisation composée de profils pour le moins surprenants. Le fondateur présumé de « Zulon » est un jeune Français d’une vingtaine d’années, Hugo S., installé à Dubaï. Il a été interpellé le 11 janvier lors d’un passage en France pour raisons familiales. Il ne sera peut-être jamais jugé : troubles psychiatriques !
Après sa mise en examen, Hugo S. a été placé en détention provisoire avant d’être hospitalisé en service psychiatrique. Les enquêteurs estiment qu’il est à l’origine de la création de la structure du réseau et de la mise au point des techniques de fraude automatisée.
Un avocat parmi les complices
Un autre profil marquant est celui d’un avocat du barreau de Paris, spécialisé en droit des affaires. Ce trentenaire aurait non seulement profité personnellement du système à hauteur de 140 000 euros de commandes frauduleuses, mais aurait aussi organisé les procédures pour les autres membres du réseau. « Le rôle clé de l’avocat dans la gestion du réseau a poussé la justice à réclamer son incarcération, une mesure rare dans ce type d’affaire.«
Un facteur de La Poste a également été arrêté. Il aurait scanné des centaines de faux retours avec son téléphone professionnel Factéo, déclenchant ainsi les remboursements. En échange, il aurait perçu une commission sur chaque opération réussie.
Une idéologie anticapitaliste… ou un simple appât du gain ?
Hugo S. aurait justifié ses actes par une posture idéologique. Il prétendait vouloir lutter contre le capitalisme en exploitant les failles des géants du commerce en ligne, affirmant que les pertes financières étaient couvertes par les assurances. Autant dire un comique, non ? Je combats le capitalisme en vivant à Dubaï, en volant 30 millions d’euros. On parle de sa montre de luxe, ou on attend encore un peu ?!!
Les enquêteurs décrivent une réalité bien différente. Le réseau fonctionnait comme une entreprise criminelle structurée. Blanchiment des fonds via des cryptomonnaies ; Enrichissement personnel massif des principaux membres.
Amazon a déclaré travailler sur une amélioration des systèmes de validation des retours pour éviter ce type d’abus à l’avenir. Ikea et Auchan envisagent également de renforcer la vérification physique des colis avant d’autoriser tout remboursement.
Les pertes financières sont estimées à 30 millions d’euros, un chiffre qui pourrait encore augmenter à mesure que l’enquête avance.
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