­

Secrets volés et caméras cachées : MrBeast au cœur d’un scandale interne

Une fuite massive de données et l’installation de caméras secrètes dans les bureaux de Beast Industries, l’entreprise du plus important Youtubeur du monde, déclenchent une bataille judiciaire explosive entre Jimmy Donaldson, alias MrBeast, et un ancien employé.

Jimmy Donaldson, plus connu sous son nom de scène MrBeast, s’est forgé une réputation de géant sur YouTube, bâtissant autour de lui une entreprise florissante, Beast Industries, comptant 360 d’employés et gérant des projets aussi lucratifs que spectaculaires : vêtements, chocolats, etc. Mais derrière les défis millionnaires et les vidéos virales, une affaire judiciaire aussi inattendue que préoccupante vient ternir le tableau. L’homme aux millions d’abonnés poursuit en justice un ancien collaborateur, Leroy Nabors, pour avoir volé des données sensibles, trahi un accord de confidentialité et, selon la plainte, installé des dispositifs de surveillance clandestins dans les bureaux. Le scandale dévoile non seulement des failles potentielles dans la sécurité interne de l’entreprise, mais jette aussi une lumière crue sur les tensions internes qui peuvent miner même les empires numériques les plus prospères.

Des fichiers confidentiels exfiltrés en douce

L’affaire, déposée devant un tribunal américain, accuse Leroy Nabors, ancien membre du service informatique de Beast Industries, d’avoir sciemment et méthodiquement exfiltré des milliers de fichiers confidentiels avant son départ de l’entreprise. Ces documents comprendraient des informations financières sensibles, des données contractuelles, des éléments concernant la rémunération des employés ainsi que des dossiers relatifs aux investisseurs de la société.

Selon la plainte, Nabors était conscient que son licenciement était imminent. Au lieu de se limiter à une sortie discrète, il aurait transféré un volume massif d’informations vers un « appareil non identifié », violant au passage un accord de non-divulgation qu’il avait signé dans le cadre de ses fonctions. En tentant d’effacer les traces de ses actes, il aurait supprimé les fichiers de son ordinateur professionnel. Mais une analyse a révélé que cette suppression avait échoué, et que les preuves d’exfiltration étaient encore présentes. Dommage !

« L’enquête révèle un comportement prémédité visant à s’approprier illégalement des secrets commerciaux de l’entreprise« , souligne la plainte consultée par ZATAZ.

L’homme a ensuite nié les faits lorsque Donaldson l’a confronté, prétendant que les fichiers avaient été supprimés le jour même de son départ. Une affirmation démentie par les enregistrements informatiques montrant des tentatives d’effacement plusieurs jours auparavant.

Service de Veille ZATAZ – 96% de satisfaction

Une sauvegarde de routine douteuse

Face aux accusations, Nabors a tenté de se défendre en expliquant que les données exfiltrées faisaient partie d’une sauvegarde de routine. Une procédure normale. Mais cette justification s’est rapidement effondrée. Beast Industries n’avait, selon ses avocats, aucune politique de sauvegarde impliquant un transfert massif de fichiers confidentiels vers des dispositifs personnels. Il faut être honnête, quelle entreprise accepterait des sauvegardes professionnelles sur un Drive, DropBox ou Mega personnels ? Pire encore, les documents volés auraient été synchronisés avec un compte Dropbox externe. Nabors avait toujours accès à cet espace nuagique après son licenciement.

Cette manœuvre, combinée à ses précédentes responsabilités dans le département informatique, aurait offert à Nabors un accès privilégié à de nombreuses couches internes du système informatique de l’entreprise. En clair, il disposait à la fois des compétences techniques et des accès nécessaires pour mettre en œuvre ce que l’entreprise décrit par la plainte comme : « un détournement de données orchestré« .

Des caméras cachées dans les locaux

Si l’exfiltration de données constitue déjà une accusation grave, l’affaire prend une tournure encore plus inquiétante lorsqu’elle évoque la présence de caméras cachées installées dans les bureaux de Beast Industries. Selon la plainte consultée par ZATAZ, ces dispositifs ont été découverts à divers endroits, à l’insu de l’ensemble des employés, y compris de l’équipe dirigeante.

L’enquête interne aurait permis de retracer l’installation de ces caméras jusqu’à Nabors. Certains employés affirment qu’il était déjà connu pour enregistrer des réunions sans autorisation. Mais l’idée qu’un système de surveillance clandestin ait été mis en place délibérément soulève des questions majeures de sécurité, de respect de la vie privée et de légalité.

Il voulait peut-être faire des « live TikTok ». (Joke!)

« L’existence de dispositifs de surveillance non autorisés remet en cause la sécurité et la confidentialité au sein de l’entreprise« , souligne un avocat de Beast Industries.

La plainte va plus loin, suggérant que ces caméras auraient pu être reliées à un mini-ordinateur caché, trouvé connecté au serveur principal de l’entreprise. Le seul logiciel installé sur ce terminal : Synchro, une application permettant un contrôle à distance. Deux connexions distinctes à ce mini-PC ont été tracées jusqu’à des comptes affiliés à Nabors. La boucle est bouclée !

Service de Veille ZATAZ – 96% de satisfaction

Une entreprise tierce impliquée ?

Pour rappel, Mr Beast est une machine de guerre sur les réseaux sociaux. Des dizaines de millions d’abonnés ; des partenariats facturés le prix d’or (même avec d’autres Youtubeurs souhaitant profiter d’un ROI évident) et l’annonce de vouloir racheter TikTok pour les USA. Le dossier judiciaire mentionne également Vine Networks, une société dirigée par la fille de Nabors. Cette entreprise aurait été sous-traitante pour la gestion de l’infrastructure informatique de Beast Industries, une situation qui aurait facilité la mise en place de cette surveillance non autorisée.

Les enquêteurs soupçonnent que Vine pourrait avoir eu un rôle actif dans la captation ou le transfert de données, voire dans le contrôle des caméras installées. L’implication d’une société tierce dans une affaire de détournement de secrets commerciaux ajoute une couche de complexité juridique à une affaire déjà sensible.

Dans ce contexte, la fuite de documents financiers, la compromission potentielle d’informations sur les investisseurs ou les employés (Orange a connu ce même probléme, via une filiale, durant les Jeux Olympiques), et la mise en place de dispositifs de surveillance illégaux constituent autant de menaces pour la stabilité et la réputation de l’entreprise. Pour Jimmy Donaldson, la trahison vient de l’intérieur, d’un homme en qui l’on avait placé une confiance opérationnelle élevée.

Vous voulez suivre les dernières actualités sur la cybersécurité ? Pour rester informé sur les enjeux de cybersécurité, abonnez-vous à la newsletter de ZATAZRejoignez également notre groupe WhatsApp et nos réseaux sociaux pour accéder à des informations exclusives, des alertes en temps réel et des conseils pratiques pour protéger vos données.

Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. Il s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. ZATAZ.COM est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. 9ème influenceur Cyber d'Europe. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Réserviste de la Gendarmerie Nationale (Unité Nationale Cyber - réserve volontaire citoyenne) et de l'Éducation Nationale Hauts-de-France. Médaillé de la Défense Nationale (Marine Nationale) et de la médaille des réservistes volontaires de défense et de sécurité intérieure. (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

Laisser un commentaire

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.