Streaming sportif dans la ligne de mire des ayants droits, des politiques et des pirates
Streaming sportif : des dizaines de sites piratés à chaque rencontre sportive importante ; des pirates diffuseurs de matchs condamnés et des élus qui tentent de jouer les arbitres.
Je vous racontais, il y a peu, comment le match de football PSG / Barça s’était aussi joué sur le web, dans des sites légaux infiltrés par des pirates diffuseurs de faux « live » des rencontres sportives. Les pirates proposent de regarder du streaming sportif gratuitement, accessible avec ou sans inscription. Entre les faux sites collecteurs de données personnelles, les fausses pages d’alertes [capture écran ci-dessous] et les streams pirates, les internautes radins ont de quoi y perdre la tête et leurs données.
Streaming sportif gratuit
Du côté des actions judiciaires à l’encontre des diffuseurs de streaming sportif illégal, Trois hommes (sur cinq) viennent d’être jugés dans le Nord-Ouest de la France. Âgés de 43 à 57 ans, les pirates ont été condamnés à payer sept millions d’euros de dommages et intérêts à Canal+, beIN Sports et RMC Sports.
Le tribunal correctionnel de Rennes condamne les trois diffuseurs pirates d’avoir ouverts de nombreux sites illégaux pour diffuser du streaming sportif. Deux autres pirates (Un Roubaisien et un Bordelais) ont été condamnés à payer une partie des dommages réclamés par les plaignants. Ils ont découvert, lors du jugement, l’argent récolté par l’instigateur du réseau.
Depuis au moins 2014, les cinq protagonistes diffusaient football, basket, rugby dans des lives streaming sportif. Parmi la trentaine de sites pirates mis en place, neuf d’entre eux avaient attiré en 3 ans pas moins de 7,5 millions de visiteurs uniques. Les chaînes annonçaient, en juin, 91 millions d’euros de préjudice matériel et moral. Canal+ réclamait près de 30 millions.
Via un outillage simple, les cinq pirates récupéraient le flux des rencontres sportives proposaient par les chaînes à péage et les rediffusaient sur leur propre stream. Le pirate en chef se payait via une cinquantaine de régies publicitaires. En quatre ans, 230 000 euros de revenus via les publicités. La justice a saisi 280 000 euros (maison, voiture et comptes bancaires). Des comptes ouverts en Suisse et aux Îles Vierges.
Une action médiatique, couplée à de la politique
Le député Cédric Roussel, rapporteur du titre III de la proposition de loi visant à démocratiser le sport, a fait adopter mercredi 10 mars en Commission des Affaires culturelles l’article 10 permettant de lutter contre le streaming illégal. Ce dispositif permet aux ligues de sport professionnel, telle que la Ligue de football professionnel (LFP) de saisir le juge afin d’obtenir une ordonnance judiciaire « dynamique » pour lutter efficacement contre le streaming illégal. Les Fournisseurs d’accès Internet et tous les acteurs de la chaîne devront en conséquence bloquer ou « déréférencer » tous les sites retransmettant illégalement des compétitions sportives.
Selon le député Cédric Roussel, président du groupe d’études « Économie du Sport » de l’Assemblée nationale : « Après l’affaire Mediapro qui a conduit à une baisse de près de 500 millions d’euros des droits TV, ce dispositif va permettre de conforter la valeur du championnat de Ligue 1 pour les diffuseurs actuels et futurs. Je suis un homme d’équilibre. Au-delà du volet répressif, il est important de travailler à une offre légale économiquement adaptée et lisible. Ce n’est pas pour rien que nous avons constaté une explosion du streaming illégal lors de la « période Médiapro ». Cette mesure de lutte contre le streaming illégal sera donc combinée à un objectif de rationalisation de l’offre audiovisuelle sportive et de visibilité par le plus grand nombre, permettant une meilleure exposition du sport. »
A noter que, comme j’ai pu vous le montrer lors du match de football entre le Paris Saint-Germain et Barcelone, les actions judiciaires contre les sites de streaming n’ont pas attendu les politiques pour agir. Google ayant agi à la première plainte pour retirer des liens malveillants installés sur des sites de grandes entreprises françaises piratées pour l’occasion par les pro du streaming sportif illicite.
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