Surveillance de Telegram : une IA russe capable de traquer les contenus dangereux ?

Posted On 02 Fév 2025

La Russie aurait déployer une intelligence artificielle avancée pour analyser et identifier rapidement les contenus criminels sur Telegram.

Une société russe aurait récemment amélioré son module d’intelligence artificielle, Apparatus Sapiens, pour détecter efficacement les contenus dangereux sur Telegram. Cette technologie permettrait non seulement d’identifier ces contenus, mais aussi de désanonymiser leurs auteurs, surpassant ainsi les capacités des analystes humains.

Apparatus Sapiens : une IA au service de la sécurité ?

Apparatus Sapiens, développé par la société T.Hunter, est conçu pour analyser le contenu publié sur Telegram et y détecter des signes de criminalité. Selon Igor Bederov, directeur du département d’investigation de T.Hunter, l’IA peut analyser le contenu publié sur le réseau social et y trouver des signes de criminalité. À l’étape suivante, l’auteur du contenu destructeur et dangereux est désanonymisé. Le programme travaille des milliers de fois plus vite que les analystes de Telegram. L’histoire ne dit pas si le contenu criminel est capable d’afficher un leak de données piratées ou un message contre la politique de Vladimir Poutine.

L’outil serait capable de traiter des volumes massifs de données, analysant des millions de messages et de chats pour repérer des activités suspectes. Il prend en compte divers facteurs, tels que la tonalité émotionnelle des messages, leur contexte, les interactions de l’auteur avec d’autres utilisateurs, ainsi que des informations démographiques comme le sexe et la région. A première vue, les messages et les comptes privés ne sont pas pris en compte.

Désanonymisation : lever le voile sur les auteurs de contenus illicites

Une des fonctionnalités clés d’Apparatus Sapiens serait sa capacité à désanonymiser les auteurs de contenus dangereux. Le système peut accéder à des données sur 58 millions d’utilisateurs de Telegram (Russes) liés à des numéros de téléphone et surveille également 22 millions de chats, incluant des communautés publiques et des chats privés. Grâce à ce désanonymiseur, il serait possible de connaître le numéro de téléphone mobile de l’auteur du message, sa géolocalisation et ses données de connexion. Même si l’information exacte n’est pas disponible, l’outil permet de télécharger tous les messages de l’utilisateur, l’historique des modifications et d’autres données pour une analyse manuelle.

En juillet 2024, Telegram comptait plus de 950 millions d’utilisateurs actifs mensuels, se rapprochant ainsi du cap symbolique du milliard d’utilisateurs. L’histoire ne dit pas si Apparatus Sapiens est capable de « travailler » sur les 900 autres millions d’utilisateurs.

Capture écran Telegram – zataz.com

Applications et implications de l’IA dans la surveillance

L’utilisation d’une telle intelligence artificielle dans la surveillance des plateformes de messagerie comme Telegram soulève des questions sur la balance entre sécurité et vie privée. Si l’objectif est de prévenir des actes criminels, il est essentiel de garantir que ces outils ne soient pas utilisés pour restreindre indûment la liberté d’expression ou pour surveiller des individus sans justification légale. Autant dire que ce « détail » n’est pas la priorité locale.

D’ailleurs, des politiques russes ont montré du doigt les fondateurs de Telegram. Pour rappel, ces derniers ont fuit la Russie pour vivre à Dubaï. Anton Gorelkin, un député à la Douma d’État, a commenté cette IA en s’interrogeant sur les raisons pour lesquelles Pavel Durov, fondateur de Telegram, n’a pas mis en place un tel système. Il souligne qu’une équipe ayant un accès direct aux capacités de la messagerie aurait pu rendre Telegram plus sûr.

La justice Française a réclamé à Telegram, en 2024, des informations appartenant à 2 072 comptes afin de permettre aux autorités de mettre fin à des crimes cyber. Pas besoin d’IA espionne, donc !

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Au sujet de l'auteur

Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.