Ukraine/Russie : la guerre de l’information 2.0 fait rage
De nombreuses arrestations et fermetures de sites web et fermes de bots viennent d’être effectués en Ukraine et en Russie. L’Art de la Guerre à la sauce 2.0 !
La Police nationale Ukrainienne a fait fermer un réseau interrégional mettant en action pas moins de 5 000 faux comptes ouverts sur les réseaux sociaux. Une ferme de bot « bot farm » qui avait pour objectif de déstabiliser la situation sociopolitique en Ukraine. Selon les informations que ZATAZ a pu consulter, des pirates ont diffusé de fausses informations sur les activités des hauts dirigeants militaires et politiques du pays, ainsi que des informations erronées sur des prétendues « attaques terroristes » dans différentes villes ukrainiennes.
Cette opération visait près de 200 000 utilisateurs. Les autorités locales ont pu stopper plusieurs fermes de bots cachée dans neuf régions Ukrainienne.
Ce réseau de fermes de robots numériques a été découvert par des enquêteurs du département principal d’enquête de la Police nationale, ainsi que par des experts en cybersécurité du Service de sécurité ukrainien. Dans le but de diffuser de la désinformation pour discréditer les hauts dirigeants militaires et politiques locaux, ainsi que de déstabiliser la situation politique intérieure du pays, les auteurs ont créé plus de 5 000 comptes anonymes sur les plateformes Facebook, Instagram et Twitter. De plus, l’enquête a révélé que les suspects ont diffusé de fausses informations sur des prétendues « attaques terroristes » et des prétendues « opérations minières » dans des lieux publics, avec pour objectif de semer la panique parmi la population.
Lors des perquisitions, comme le montre les photos de cet article, des équipements matériels et logiciels utilisés pour la création de bots ont été découverts, installés soit dans les résidences privées, soit dans les bureaux des personnes impliquées. Des preuves matérielles incriminantes ont été saisies lors des perquisitions, notamment des cartes bancaires utilisées pour le transfert de fonds liés à la distribution de la désinformation, ainsi que 5 000 cartes SIM d’opérateurs mobiles ukrainiens, des passerelles GSM et d’autres équipements spécialisés.
Effet Pareto
La désinformation joue sur un effet, celui de « La proportion d’or de Pareto » baptisé aussi la règle des 80/20. Ce concept économique et de gestion suggère qu’environ 80% des résultats sont généralement produits par 20% des causes ou des efforts. Cette règle tire son nom de Vilfredo Pareto, un économiste italien du XIXe siècle, qui l’a observée pour la première fois en étudiant la répartition inégale de la richesse dans la société.
Bilan, 20 faux messages peuvent perturber toute une action légitime. La proportion d’or de Pareto est souvent utilisée pour illustrer des phénomènes où une minorité d’éléments, de facteurs ou de participants contribue de manière disproportionnée à la majorité des résultats. Par exemple, on peut constater que 20% des clients génèrent 80% des revenus d’une entreprise, ou que 20% des tâches effectuées dans un projet produisent 80% des résultats.
Cette règle peut être appliquée à de nombreux domaines, tels que l’économie, la gestion des entreprises, le marketing, la productivité, la qualité, … et les fakes news. 20 % de faits vrais, 80 % de mensonges. Elle permet de mettre en évidence l’importance de concentrer les ressources sur les éléments les plus influents ou les plus efficaces afin d’optimiser les résultats.
Il convient de noter que la proportion spécifique de 80/20 n’est pas toujours exacte et peut varier. Cependant, l’idée fondamentale de la proportion d’or de Pareto reste que la majorité des résultats provient d’une minorité de causes ou de facteurs.
Ces fausses informations sont des informations sciemment fausses. Elles sont créés et diffusées dans le but de provoquer de fortes réactions psycho-émotionnelles chez les gens. Massivement diffusées, les fakes news, ces fausses informations reposent souvent sur une fraction de la vérité. Numériquement, cela correspond donc à la proportion d’or de Pareto expliquée ci-dessus. Les faux messages ont un effet cumulatif : une réalité informative parallèle est progressivement créée autour de l’individu. Cela conduit à un rejet de la pensée critique, de la perception d’autres points de vue et de l’hygiène de l’information. L’adversaire cherche à saturer le champ d’information avec des faux.
Pendant ce temps, en Russie
Rospotrebnadzor, l’Agence fédérale russe de supervision des communications, des technologies de l’information et des médias de masse. Elle est l’autorité gouvernementale responsable de la régulation et de la surveillance des communications, des médias et de l’information en Russie. L’agence vient d’annoncer le blocage de plusieurs médias étrangers. Des « copies de leurs sites pour maintenir leur influence sur les utilisateurs russes« .
La Russie a bloqué 3 000 urls concernant Radio Liberty, une radio privée financée par le Congrès Américain. D’autres miroirs, concernant des médias, ont eux aussi été bloqués. L’agence locale explique que les ressources qu’elle traque créent généralement un nouveau « miroir » une fois par jour « mais il ne s’écoule plus que trois heures environ entre la détection et le blocage« .
Parmi les médias impactés, la BBC ou encore 40 ressources du média gouvernemental allemand Deutsche Welle. Rospotrebnadzor annonce avoir déjà bloqué plus de 157 000 ressources. Ils reprochent, tout comme l’opération Ukrainienne contre les fermes de bot, de tentatives d’influencer l’humeur des gens, la diffusion de fausses information ou encore des informations pouvant semer la panique « Qui peuvent faire autant de dégâts que des actions sur un vrai champ de bataille« .