Un fournisseur Cloud sanctionné pour son soutien à la dictature Iranienne
Le Trésor américain a annoncé des sanctions à l’encontre d’un fournisseur iranien de technologie cloud, accusé de « faciliter » la censure d’Internet à Téhéran, ainsi que d’une société affiliée et de deux employés.
L’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor a sanctionné ArvanCloud, qualifiant cette entreprise de « partenaire clé » dans les efforts du régime iranien visant à mettre en place le réseau national d’information, un intranet parallèle qui permet au gouvernement de contrôler plus facilement l’accès aux informations en ligne.
Ces sanctions interviennent suite aux manifestations nationales qui ont eu lieu à la fin de l’année dernière et au printemps 2023, en réaction au décès de Mahsa Amini alors qu’elle était sous la garde de la prétendue police des mœurs. En réponse aux protestations qui ont suivi, l’Iran a restreint l’accès à Internet, en particulier aux réseaux sociaux.
Selon un communiqué de l’OFAC, « ArvanCloud entretient des relations étroites avec les services de renseignement iraniens, y compris le ministère du Renseignement et de la Sécurité (MOIS), et les dirigeants d’ArvanCloud entretiennent des liens étroits avec de hauts responsables du gouvernement iranien« .
Le communiqué ajoute également que « le gouvernement iranien a régulièrement utilisé les restrictions d’Internet et la limitation des vitesses d’Internet pour réprimer la dissidence, surveiller et punir les Iraniens pour avoir exercé leur liberté d’expression et de réunion en ligne et hors ligne, et limiter la diffusion à la communauté internationale d’informations crédibles sur des actes flagrants de violation des droits de l’homme« .
Les sanctions visent également les co-fondateurs de l’entreprise, Farhad Fatemi et Pouya Pirhosseinloo, ainsi qu’une société affiliée basée à Dubaï, Arvancloud Global Technologies LLC.
Des sanctions déjà prononcées par l’Europe
L’Union européenne avait déjà imposé des sanctions à ArvanCloud en novembre dernier, déclarant que l’entreprise était « un partenaire majeur dans le projet du gouvernement iranien, en général, et du ministre iranien des technologies de l’information et de la communication, en particulier, de créer une version distincte de l’Internet iranien. Un tel intranet national, avec des points de connexion à l’internet mondial, aidera à contrôler le flux d’informations entre l’intranet iranien et l’internet mondial ».
Dans un communiqué en ligne, ArvanCloud a nié les accusations et affirmé qu’elle continuerait à se développer en tant que fournisseur international de technologie cloud. L’entreprise a déclaré : « Ces fausses accusations sont répétées sur les réseaux sociaux et les organes d’information sans preuves solides, ce qui a conduit à cette sanction injuste. Il est décevant de constater que l’Union européenne a été influencée et a suivi ces allégations unilatérales et infondées ».
En vertu des sanctions de l’OFAC, tous les biens et intérêts détenus aux États-Unis seront gelés et les transactions commerciales avec ArvanCloud et les individus concernés seront interdites. La décision prévoit également la possibilité de mettre fin aux accords existants avec ArvanCloud d’ici le 6 juillet.
Les actions entreprises par le Trésor américain soulignent la préoccupation croissante de la communauté internationale face à la censure et à la répression exercées par le gouvernement iranien. Les manifestations qui ont éclaté dans le pays ont mis en évidence le désir de changement et la quête de liberté d’expression de la population iranienne.
L’Iran a été critiqué à plusieurs reprises pour ses restrictions sévères sur Internet et les réseaux sociaux, qui visent à contrôler l’accès à l’information et à étouffer toute opposition politique. Les sanctions imposées à ArvanCloud et à ses dirigeants sont une mesure visant à perturber les efforts du gouvernement iranien pour maintenir son emprise sur le flux d’informations et à soutenir les aspirations de la population iranienne à une plus grande liberté.
L’Union européenne a précédemment imposé des sanctions similaires à ArvanCloud en raison de son rôle dans le projet gouvernemental iranien visant à créer un intranet national distinct. Ces sanctions internationales témoignent de la volonté de la communauté internationale de prendre des mesures concrètes pour lutter contre la censure et promouvoir les droits de l’homme.
ArvanCloud a rejeté les accusations portées contre elle et a affirmé sa détermination à continuer à fournir des services de technologie cloud à l’échelle internationale. L’entreprise a dénoncé les allégations infondées qui ont conduit à ces sanctions et a exprimé sa déception face à l’adoption de mesures unilatérales basées sur de telles accusations.
Il est important de noter que les sanctions imposées par le Trésor américain ont un impact significatif sur ArvanCloud en limitant son accès au marché américain et en restreignant ses activités commerciales. Cela envoie un message clair selon lequel les entités impliquées dans la censure et la répression des droits de l’homme ne seront pas tolérées et seront tenues responsables de leurs actions.
La communauté internationale continue de surveiller de près la situation en Iran et de soutenir les aspirations de la population iranienne à la liberté, à la démocratie et à la liberté d’expression. Les sanctions imposées à ArvanCloud par le Trésor américain et l’Union européenne sont un rappel que les actions visant à restreindre l’accès à l’information et à réprimer la dissidence auront des conséquences graves pour ceux qui les soutiennent.
Plus de 4 milliards de personnes censurées dans le monde en 2022
Le blocage de l’accès à divers sites Web et services Internet en ligne en 2022 aurait touché plus de 4,2 milliards de personnes dans le monde selon le rapport de Surfshark. L’étude indique que la durée moyenne sans connexion Internet était de 33 heures et la durée moyenne de censure des médias sociaux était de 114 jours. En parlant des plateformes sociales les plus ciblées par les gouvernements autoritaires, Facebook arrive en tête de liste en 2022, suivi d’Instagram et de TikTok.
Il est a souligner que les réseaux sociaux énumérés sont limités par un nombre croissant d’États autoritaires, dont l’Azerbaïdjan, l’Arménie ou encore la Jordanie. Les résultats de l’étude ont été compilés à l’aide de données d’organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits numériques NetBlocks, AccessNow et Freedom House, ainsi que de sources d’information telles que la BBC, Bloomberg et le New York Times. Un an plus tôt, l’organisation de défense des droits numériques Access Now, dans son rapport publié « Le retour de l’autoritarisme numérique », avait signalé que le nombre de pannes d’Internet dans le monde en 2021 avait considérablement augmenté.
Au total, il y a eu 182 pannes d’Internet dans 34 pays en 2021, contre 159 dans 29 pays un an plus tôt.