Un pirate ukrainien arrêté pour avoir vendu des données à la Russie
Un hacker malveillant ukrainien a été arrêté par les autorités après avoir vendu 300 millions de données piratées à des pirates étrangers, dont des Russes.
Je vous expliquais en mars 2022 comment les pirates informatiques russes et ukrainiens étaient bien « embêtés » par l’opération spéciale lancée par Vladimir Poutine à l’encontre de l’Ukraine. Une guerre qui n’affichait pas son nom et qui a fait des milliers de morts dans les deux camps. Les pirates informatiques ont dû stopper leur business commun, déménager (Turquie, pays limitrophes, etc.) ou « travailler » plus discrètement.
Un citoyen ukrainien de 36 ans a été arrêté fin avril pour avoir vendu les données personnelles de plus de 300 millions de personnes à la Russie, une découverte annoncée par la cyberpolice ukrainienne. L’homme a utilisé l’application de messagerie Telegram pour commercialiser les informations volées, qui comprenaient des données de passeport, des numéros de contribuable, des certificats de naissance, des permis de conduire et des données de compte bancaire appartenant à des citoyens ukrainiens et de divers pays européens. ZATAZ vous montre d’ailleurs un exemple d’outil malveillant passant par Telegram, via la chaîne YouTube de ZATAZ.
500 à 2 000 $ l’abonnement
Le suspect vendait l’accès aux données entre 500 $ et 2 000 $, selon la quantité et le type d’informations souhaitées. La cyberpolice a déclaré que l’homme avait vendu les données à des citoyens russes contre des roubles, une monnaie interdite en Ukraine. Les autorités ukrainiennes ont souligné que les actions du suspect avaient causé un préjudice considérable à la sécurité des données personnelles de millions de personnes.
Lorsque la police est arrivée pour perquisitionner la maison du suspect à Netishyn, une ville de 36 000 habitants dans l’ouest de l’Ukraine, il a tenté de résister et a blessé un officier, a indiqué la cyberpolice. Les agents ont confisqué plusieurs téléphones portables et environ 30 disques durs de la résidence, ainsi que des cartes SIM, du matériel informatique et des serveurs. La police a déclaré qu’elle enquêtait également sur des bases de données à accès restreint exploitées par le suspect (militaire, etc.).
Les enquêteurs ukrainiens ont indiqué que le suspect avait utilisé des logiciels malveillants sophistiqués pour extraire les données personnelles de différentes sources (des stealers, comme celui présenté ici visant les propriétaires de macOS). Les données volées comprenaient des informations appartenant à des citoyens ukrainiens, mais également à des personnes de plusieurs pays européens.
Telegram, nouvel eldorado des pirates ?
L’homme fait maintenant face à des accusations de création d’un logiciel malveillant, d’accès illégal à des informations stockées sur des réseaux informatiques et d’usage de violence contre un agent des forces de l’ordre. S’il est reconnu coupable de cette dernière accusation, il pourrait être condamné à une peine maximale de cinq ans de prison. La peine pour les deux premières infractions en vertu du code pénal ukrainien dépend de la gravité des crimes commis.
L’arrestation de ce suspect met également en évidence la façon dont Telegram est devenu un outil populaire pour les cybercriminels. En effet, le manque de modération de l’application et sa capacité à créer de grands groupes de discussion avec jusqu’à 200 000 membres en ont fait une plate-forme privilégiée pour vendre des données volées. Telegram avait pris des mesures pour lutter contre la vente illégale de données personnelles sur sa plate-forme.
En avril 2021, 12 000 canaux de discussion liés à la vente de données personnelles avaient été fermés en coopération avec les autorités russes.