USB-C : ce qui va changer le 28 décembre 2024… avec votre cybersécurité

Un chargeur unique pour tous les appareils portables : dès le 28 décembre 2024, une législation européenne transformera notre manière de consommer la technologie. Prudence, dorénavant, aux prises USB-C.

Imaginez un monde où un seul chargeur suffit pour recharger votre smartphone, tablette, casque audio ou console de jeux. Cette vision deviendra réalité le 28 décembre 2024, grâce à une législation européenne ambitieuse qui impose l’utilisation d’un chargeur universel pour une vaste gamme d’appareils portables. Après plus de dix ans de discussions et de lobbying au Parlement européen, cette mesure vise à réduire les déchets électroniques et à simplifier la vie des consommateurs. Les entreprises devront s’adapter pour proposer des appareils conformes, tandis que les consommateurs auront enfin la liberté d’acheter leurs dispositifs avec ou sans chargeur. Mais qu’implique concrètement cette réglementation pour nos appareils et quelles perspectives s’ouvrent pour les technologies futures ? Est-ce dangereux de généraliser une prise de type USB-C pour la cybersécurité ?

Les appareils concernés par cette réglementation

Le champ d’application de cette législation couvre un large éventail de dispositifs technologiques. Sont concernés, par exemples, les téléphones portables et les tablettes ; les appareils photo numériques et les consoles de jeux portatives ; les casques audio, casques-micro et écouteurs sans fil ; les haut-parleurs portatifs, claviers et souris ; les liseuses numériques et appareils de navigation portables.

Cette harmonisation sera étendue aux ordinateurs portables, mais avec une période d’adaptation supplémentaire de 40 mois. Cette mesure, bien que ciblée, représente une avancée significative pour réduire les complications liées à la multiplicité des chargeurs. Comme je l’ai expliqué dans le journal 1945 de M6, sur BFM TV ou encore Orange actualité, elle répond à une demande croissante des consommateurs pour plus de cohérence et de durabilité dans l’industrie électronique. Pour ses défenseurs, cette nouvelle obligation répond à deux objectifs : engendrer moins de déchets et en finir avec les désagréments causés au consommateur.

Selon l’étude d’impact menée par les services de la Commission européenne, 420 millions d’objets électroniques portables sont vendus chaque année dans l’UE. La grande majorité d’entre eux accompagnée d‘un nouveau chargeur, rendant parfois inutile le précédent. Ces chargeurs “en double” généreraient ainsi 11 000 tonnes de déchets par an. La mesure doit permettre de réduire ces déchets d’environ 1 000 tonnes.

La directive devrait également faire économiser aux consommateurs près de 250 millions d’euros par an, selon l’exécutif européen. « Cela fait suffisamment longtemps que les consommateurs européens sont agacés par l’accumulation de chargeurs incompatibles dans leurs tiroirs » avait déclaré Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission en charge du Numérique et de la Concurrence, à l’occasion de la présentation du texte.

L’USB-C est bien plus qu’un simple connecteur de charge.

1. Transfert de données rapide

L’USB-C peut atteindre des vitesses jusqu’à 40 Gbps avec l’USB4, prenant en charge des fichiers volumineux, des vidéos en 8K et des flux audio.

2. Puissance et recharge universelle

Avec la norme USB Power Delivery (PD), il fournit jusqu’à 240 watts, capable de recharger ordinateurs portables, smartphones et même certains moniteurs. Sa recharge bidirectionnelle ajoute de la flexibilité.

3. Transmission audio et vidéo

L’USB-C prend en charge la vidéo via le DisplayPort Alt Mode, permettant de connecter des écrans en 4K/8K et des systèmes audio haute fidélité.

Une législation adaptée aux technologies futures

Afin de suivre l’évolution rapide des technologies, cette réglementation inclut une clause d’adaptabilité. La Commission européenne pourra, si nécessaire, ajuster la directive pour inclure de nouvelles innovations, comme les solutions de recharge sans fil. Cette flexibilité est cruciale dans un secteur en constante transformation.

Les technologies sans fil, par exemple, gagnent en popularité. Leur adoption massive pourrait réduire davantage la dépendance aux chargeurs traditionnels et renforcer l’impact de cette mesure. Toutefois, ces solutions devront être évaluées pour garantir leur conformité aux objectifs environnementaux et techniques fixés par la législation. En anticipant les besoins futurs, cette directive illustre une volonté claire de l’Union européenne : éviter les retards dans la prise en compte des avancées technologiques et promouvoir un marché européen harmonisé. Ainsi, elle assure que la transition reste efficace et pertinente pour les années à venir.

Le projet entre particulièrement en résonance avec le plan d’action européen pour une économie circulaire présenté le 30 mars 2022 par la Commission européenne. Son objectif : que la plupart des produits vendus sur le marché unique soient recyclables, réparables ou répondent à d’autres critères d’écoconception.

Une idée qui ne date pas d’hier. La problématique du chargeur universel est un véritable serpent de mer à Bruxelles. Le dossier était en effet sur la table depuis 2009, date des premières propositions avancées par la Commission européenne. Depuis, le nombre de chargeurs a fortement diminué. Si bien que d’une trentaine à l’époque, on en compte désormais plus que trois : le port USB-C, utilisé désormais par la majorité des smartphones sous Android, le port USB-B, son ancêtre amené à disparaître à plus ou moins long terme, et enfin le port “Lightning” utilisé par Apple pour ses iPhones ou iPads. Dans les faits, les fabricants comme Apple ont anticipé cette obligation. En septembre 2023, la marque à la pomme commercialisait ainsi l’iPhone 15, son premier smartphone avec port USB-C.

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Attention aux risques liés aux ports USB-C

Avec la généralisation des ports USB-C, ZATAZ tient à rappeler que généraliser un outil informatique va inciter les malveillants à travailler sur cet outil. Sans être paranoïaque, ZATAZ propose d’être trés prudent. Des préoccupations émergent concernant la cyber sécurité, notamment à partir de câbles et clés USB-C keylogger. Ces dispositifs malveillants que ZATAZ vous a été présenté voilà 10 ans, camouflés comme de simples adaptateurs, peuvent enregistrer les frappes clavier ou injecter des logiciels malveillants. Les utilisateurs doivent redoubler de vigilance et préférer des accessoires certifiés, sans de refuser le moindre câble dont vous ne connaissez pas la provenance.

En 2017, les keylogger découvert dans dès PC étaient presque la routine, sans parler de claviers d’ordinateur espions vendus dans des boutiques web chinoises. En 2018, un étudiant avait même piégé les machines de son école ! Dès 2021, les premières clés et câbles format USB-C (et USB-A) qui fonctionnent normalement à ceci près qu’ils peuvent aussi être utilisés pour pirater à distance votre ordinateur portable, votre tablette ou votre téléphone. Du matériel conçu pour ressembler à un câble USB-C (ou A standard). Cependant, il contient une puce, une fonctionnalité Wi-Fi, un serveur Web et un enregistreur de frappe, ainsi que la possibilité de contrôler à distance la souris et le clavier de l’ordinateur auquel il est relié. La société américaine Hak5 en commercialise « légalement » depuis 2021. Il est possible d’en trouver sur des sites Chinois, Britannique ou Polonais pour quelques euros. Bref, pendant le chargement de votre téléphone, tablette, Etc. Une action malveillante est peut-être aussi en cours.

Exemple de prises USB dédiées à l’espionnage informatique – Capture d’écran de ZATAZ.COM via Amazon.

Il y a encore peu, un câble USB-C espion coûtait jusqu’à 20 000 $, comme le COTTONMOUTH-I de la NSA. Ce dispositif sophistiqué, conçu pour des opérations de surveillance avancée, montre à quel point ces outils pouvaient être coûteux et redoutablement efficaces. Aujourd’hui, le même « matos » ne dépasse pas les 200€ pour les plus sophistiqués.

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Au sujet de l'auteur
Damien Bancal (damienbancal.fr) est un expert internationalement reconnu en cybersécurité. Il a fondé le projet Zataz en 1989. ZATAZ.com est devenu une référence incontournable en matière d'information sur la sécurité informatique et les cybermenaces pour le grand public. Avec plus de 30 ans d'expérience, Damien Bancal s'est imposé comme une figure majeure dans ce domaine, contribuant à la sensibilisation et à la protection des internautes contre les cyberattaques. Sa carrière est marquée par une forte implication dans l'éducation à la cybersécurité, notamment à travers des conférences et des publications spécialisées. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages (17) et articles (plusieurs centaines : 01net, Le Monde, France Info, Etc.) qui explorent les divers aspects du piratage informatique et de la protection des données. Il a remporté le prix spécial du livre du FIC/InCyber 2022. Finaliste 2023 du 1er CTF Social Engineering Nord Américain. Vainqueur du CTF Social Engineering 2024 du HackFest 2024 (Canada). Damien Bancal a également été largement reconnu par la presse internationale dont le New York Times, qui souligne non seulement son expertise mais aussi son parcours inspirant. Par exemple, un portrait de La Voix du Nord le décrit comme "Monsieur Cybersécurité", soulignant son influence et son rôle essentiel dans ce domaine. Enfin, il figure parmi les personnalités les plus influentes dans la cybersécurité, comme le souligne Le Big Data, et a été classé parmi les 500 personnalités tech les plus influentes en 2023 selon Tyto PR. Chroniqueur TV et Radio (France Info, M6, RTL, Medi1, Etc.) Volontaires de la réserve citoyenne - Gendarmerie Nationale et de l'Éducation Nationale. Médaillé de la DefNat (Marine Nationale) et de la MSV (Gendarmerie Nationale). Entrepreneur, il a lancé en 2022 la société veillezataz.com.

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