Voyager au Royaume-Uni : les jeunes Français ciblés par une vague d’arnaques en ligne
Les nouvelles règles d’entrée au Royaume-Uni sont devenues un terreau fertile pour les arnaques numériques. Les jeunes voyageurs français, en quête de bons plans, en sont les premières victimes.
Depuis le 2 avril 2025, tout voyageur souhaitant se rendre au Royaume-Uni doit se soumettre à de nouvelles règles d’entrée, incluant notamment l’obtention d’une autorisation électronique de voyage (ETA). Cette réforme, bien que nécessaire pour renforcer les contrôles aux frontières, s’accompagne de conséquences inattendues. En pleine période de réservation estivale, les cybercriminels y voient une aubaine. Fausse promesse de billets bon marché, sites frauduleux imitant ceux du gouvernement britannique ou encore offres alléchantes sur les réseaux sociaux : les arnaques prolifèrent. Selon une étude récente, un Français sur cinq ayant été victime d’une escroquerie liée au voyage a perdu de l’argent, avec des montants pouvant dépasser 450 euros. Un phénomène qui touche de plein fouet les jeunes adultes.
Des pièges numériques qui se banalisent
Le passage au système ETA, censé simplifier les démarches administratives, s’accompagne d’une profusion de sites frauduleux se faisant passer pour le portail officiel du gouvernement britannique. Ces plateformes usurpent les codes visuels des institutions, proposent des services de réservation « accélérés » et réclament le paiement de frais imaginaires. Les fraudeurs jouent sur la peur de ne pas être en règle à la frontière, une crainte qui pousse certains voyageurs à agir dans la précipitation. Résultat : des informations personnelles dérobées, des paiements effectués à des tiers malveillants et un sentiment d’insécurité croissant parmi les voyageurs.
Le phénomène s’amplifie d’autant plus que ces faux sites ne sont pas toujours détectés immédiatement, même par des internautes avertis. Les adresses URL sont souvent très proches de celles des plateformes officielles et les interfaces imitent parfaitement les pages gouvernementales. Une fois les données saisies, il est souvent trop tard pour faire marche arrière.
Les jeunes générations en première ligne
Ce sont surtout les jeunes adultes, particulièrement les générations Z et Millennials, qui se retrouvent en première ligne de ces arnaques. Friands de bons plans, habitués à naviguer entre plateformes de réservation, comparateurs de prix et réseaux sociaux, ils sont aussi plus enclins à cliquer sur une offre attractive sans vérifier sa provenance. Cette population est deux fois plus susceptible d’être victime de fraude numérique par rapport à la moyenne.
En cause : une culture numérique qui, paradoxalement, n’assure pas toujours une vigilance suffisante. L’usage massif des smartphones pour effectuer les démarches de voyage, combiné à un sentiment d’urgence ou à la volonté de faire des économies, favorise les comportements à risque. De plus, les cybercriminels adaptent leurs méthodes à ces usages : messages personnalisés, publicités ciblées, manipulation d’images ou encore création de faux comptes sur les réseaux sociaux viennent renforcer leur efficacité.
« Les cybercriminels savent exactement comment manipuler les attentes des jeunes voyageurs », explique McAfee
Un contexte propice aux arnaques saisonnières
À l’approche des vacances d’avril puis des congés d’été, la pression monte pour ceux qui planifient un séjour au Royaume-Uni. Le calendrier scolaire et les ponts du mois de mai encouragent les réservations de dernière minute, et les sites de voyage enregistrent un pic de fréquentation. C’est précisément durant ces périodes que les cybercriminels redoublent d’ingéniosité.
Ils ciblent les annonces sponsorisées sur les moteurs de recherche, créent des comptes frauduleux sur les plateformes de location de logements, ou utilisent les médias sociaux pour diffuser de fausses promotions. Les voyageurs imprudents se retrouvent à verser des arrhes pour un hébergement inexistant ou à partager leurs informations bancaires avec des escrocs. Certains se rendent même à destination pour découvrir que leur logement n’a jamais existé.
Ces techniques sont d’autant plus efficaces qu’elles s’appuient sur un contexte émotionnel : excitation du départ, peur de rater une offre, pression sociale. Autant d’éléments qui rendent les individus plus vulnérables et moins enclins à vérifier les détails.
Les bons réflexes à adopter
Pour contrer ces menaces, les experts en cybersécurité recommandent une vigilance renforcée. D’abord, il est essentiel de toujours passer par les sites officiels, notamment pour toute démarche liée à l’ETA. Le gouvernement britannique dispose de son propre site web, et l’application dédiée est disponible sur App Store et Google Play. Les voyageurs doivent également se méfier des liens reçus par courriel ou via les réseaux sociaux, même s’ils semblent provenir d’une source connue.
Enfin, un principe simple peut éviter bien des déconvenues : si une offre semble trop belle pour être vraie, elle l’est probablement. Croisières à 50 % de réduction, vols à prix cassés ou logements de luxe à tarifs dérisoires sont souvent des appâts pour des escroqueries bien rodées.
Des pertes financières mais aussi psychologiques
Si les pertes financières sont les plus visibles, l’impact psychologique de ces arnaques n’est pas négligeable. Nombreux sont les jeunes victimes qui évoquent un sentiment d’humiliation, de honte ou de perte de confiance en leurs capacités à « bien gérer » leur vie numérique. D’autres n’osent pas porter plainte, pensant qu’il est inutile de le faire pour quelques centaines d’euros. Pourtant, chaque déclaration contribue à faire reculer ces réseaux organisés et à mieux les identifier.
Les autorités françaises, en coopération avec leurs homologues britanniques, ont intensifié les campagnes de sensibilisation, mais le phénomène évolue rapidement. Les fraudeurs adaptent constamment leurs tactiques, utilisant l’intelligence artificielle pour générer de faux documents, créer des sites miroirs ou encore rédiger des messages persuasifs dans un français impeccable. La frontière entre le réel et l’artifice devient de plus en plus floue.
Un enjeu de confiance à l’ère du numérique
Derrière ces arnaques, c’est une question plus large qui se pose : celle de la confiance dans les outils numériques. Les jeunes générations, pourtant les plus connectées, semblent parfois démunies face à la sophistication des techniques de fraude. Cela soulève la nécessité d’une éducation numérique plus approfondie, dès le plus jeune âge, intégrant les bons réflexes à adopter dans le quotidien digital.
Le Royaume-Uni, de son côté, assure travailler à une meilleure signalisation des sites officiels, mais reconnaît que la bataille contre les sites frauduleux est loin d’être gagnée. Londres encourage les touristes à utiliser exclusivement l’application UK ETA ou le site gov.uk pour toute démarche liée à leur voyage.
Dans un monde où la frontière entre l’administratif et le numérique s’estompe, les usagers doivent apprendre à naviguer avec prudence, sans renoncer à la simplicité offerte par les technologies. Car si Internet a facilité les voyages, il a aussi multiplié les risques pour ceux qui s’y aventurent sans garde-fous.
Alors que l’été approche à grand pas, une question s’impose : serons-nous prêts à concilier liberté de voyager et cybersécurité personnelle, ou allons nous continuer à confondre rapidité et imprudence ?
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