Zero Day : Une cyberattaque dévastatrice est-elle réaliste ?
La série Zero Day, avec Robert De Niro, de Netflix imagine une cyberattaque catastrophique contre les États-Unis. Un tel scénario est-il crédible ? Si les infrastructures critiques sont ciblées par des cybercriminels, un effondrement total est-il possible ?
Ces dernières années, des cyberattaques ont visé des infrastructures essentielles, notamment en France, où 30 hôpitaux ont subi des ransomwares en deux ans. Toutefois, selon les experts, un tel effondrement systémique reste peu probable. Grâce aux réglementations et aux ressources déployées par les gouvernements, les infrastructures critiques sont protégées. De plus, une attaque coordonnée à grande échelle nécessiterait des ressources considérables et impliquerait des risques diplomatiques majeurs. Alors, fiction ou réalité imminente ? ZATAZ vous propose un décryptage.
Des cyberattaques réelles mais maîtrisées
Entreprises du secteur public, PME, grands groupes, monde de la santé… Les cyberattaques relayées pourraient laisser penser que l’Armageddon numérique est à nos portes. Souvenez-vous de Die Hard 4 : John McClane (joué par Bruce Willis), avec l’aide d’un jeune hacker (Justin Long), se retrouvait confronté à une cyberattaque visant les infrastructures des États-Unis (électricité, transport, énergie, finance). Nous étions déjà dans la (science-)fiction. Je vous propose ce sujet, d’autant plus que votre serviteur a pu travailler (ou travaille encore) sur des séries TV et film dédiés au piratage informatique tel qu’UNITE 42 ou encore une production en cours pour Studio Canal.
Mais qu’en est-il de la réalité ? Prenons l’exemple des hôpitaux français. En deux ans, une trentaine d’établissements ont été ciblés par des rançongiciels (ransomware), comme ceux ayant frappé les hôpitaux d’Armentières ou de Saint-Nazaire, causant des centaines de milliers d’euros de pertes, du stress et des remises en question. Ce type d’attaque démontre certes la vulnérabilité des infrastructures, mais leur impact reste limité et localisé.
Des pannes informatiques d’envergure ont également frappé d’autres régions du monde. En 2003, une « défaillance » du réseau sur le réseau électrique nord-américain (USA et Canada) a privé de courant 55 millions de personnes aux États-Unis et au Canada. En Ukraine, les attaques informatiques de 2015 et 2016 contre le réseau électrique ont plongé des milliers de foyers dans le noir, illustrant les risques des cyberattaques sur des infrastructures vitales. Une panné électrique vécue par des hôpitaux, en France, en 2024.
En 2021, une cyberattaque a frappé le Colonial Pipeline aux États-Unis, perturbant l’approvisionnement en carburant sur toute la côte Est. Ce piratage a contraint la société à suspendre ses opérations pendant plusieurs jours, provoquant une panique et une flambée des prix du carburant.
De même, une cyberattaque contre des câbles sous-marins en 2022 a gravement affecté la connectivité entre l’Europe et l’Asie. Ces infrastructures critiques, essentielles pour le trafic mondial des données, ont été ciblées, mettant en lumière leur vulnérabilité. Et les derniers cas d’ancres de bateaux qui trainent dans la mer Baltique affichent une fois de plus cette vulnérabilité physique. Un cas qui sera suivi (à première vue, aucun rapport) d’une panne majeure d’Internet en Russie (janvier 2025) perturbant plusieurs plateformes et services essentiels. L’incident serait dû à un problème sur le réseau principal d’un opérateur télécom.
« Une cyberattaque systémique contre un pays relève plus de la fiction que d’une menace immédiate. »
Les limites d’un chaos global
Les infrastructures critiques ne sont pas laissées sans défense. Les gouvernements ont mis en place des réglementations strictes pour encadrer la cybersécurité des centrales électriques, des réseaux de transport et des hôpitaux. Des organismes comme l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes Informatiques (ANSSI) en France, par exemple, jouent un rôle de surveillance et d’accompagnement essentiel pour garantir la résilience de ces systèmes vitaux. Cette surveillance continue permet de détecter et de neutraliser les menaces avant qu’elles ne causent des dégâts irrémédiables. Cependant, ces organismes souffrent d’une faille difficile à contrôler : les politiques et les budgets !
Orchestrer une attaque coordonnée contre plusieurs infrastructures d’un même pays représente un défi technique colossal. Il ne suffit pas d’infiltrer un système, encore faut-il le compromettre durablement sans alerter les mécanismes de protection en place. Les barrières de sécurité et les protocoles de réponse rendent ce type d’opération extrêmement complexe, même pour les cybercriminels les mieux équipés.
Enfin, toute cyberattaque d’ampleur visant des infrastructures civiles aurait des conséquences diplomatiques lourdes. Un tel acte serait perçu comme une déclaration de guerre, avec des représailles inévitables contre l’agresseur présumé. Même les États les plus avancés en matière de cyber offensive évitent de franchir cette ligne rouge, conscient des risques qu’ils encourraient en retour. Le seul pays qui semble être à mille lieux de ces préoccupations, la Corée du Nord avec de multiples fraudes visant les crypto monnaies ou encore l’attaque à l’encontre de Sony Pictures lors de la sortie, en 2014, du film « The Interview« . Le FBI accusera la Corée du Nord, furieuse du film mettant en scène Kim Jong-Un, d’être à l’origine du piratage.
Des cyberattaques marquantes ayant bouleversé des régions entières
L’histoire récente a été marquée par plusieurs cyberattaques d’ampleur ayant affecté des infrastructures critiques. L’attaque NotPetya en 2017, par exemple, a mis à genoux de nombreuses entreprises et institutions ukrainiennes avant de se propager mondialement. Ce ransomware, attribué à la Russie, a paralysé les systèmes informatiques de multinationales comme Maersk et FedEx, causant plus de 10 milliards de dollars de pertes.
D’autres attaques, comme celle contre l’Estonie en 2007, ont marqué un tournant dans la cybersécurité. Ce pays, très avancé dans la numérisation de ses services, a été paralysé par une vague de cyberattaques qui ont mis hors service des banques, des médias et des services gouvernementaux. Cet épisode est considéré comme le premier véritable cyber conflit entre nations.
En janvier 2025, le département du Trésor américain a été la cible d’une cyberattaque attribuée à des hackers soutenus par l’État chinois. Les assaillants ont exploité une vulnérabilité critique pour accéder à des documents classifiés, soulignant la sophistication croissante des cybermenaces étatiques.
Une menace à anticiper malgré tout
Si un effondrement total des infrastructures est peu probable, la menace cybernétique demeure bien réelle. Les États et les grandes entreprises investissent des milliards pour sécuriser leurs systèmes et anticiper les attaques à venir. La coopération entre les gouvernements et les acteurs privés est essentielle pour renforcer la résilience des infrastructures critiques et limiter les risques d’une catastrophe numérique.
« Les cyberattaques existent, mais un effondrement global tel que décrit dans Zero Day est un scénario extrême. »
En définitive, les cyberattaques continuent d’évoluer et de se perfectionner, mais un chaos numérique mondial reste un fantasme de fiction… jusqu’à aujourd’hui !
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